Après quinze années de travaux et 270 millions d’euros investis, la cathédrale du Salut du peuple s’apprête à être consacrée à Bucarest. Monument colossal de 127 mètres de haut, elle suscite autant d’admiration que de controverses dans un pays en proie à des difficultés économiques et politiques.

Dominant la capitale roumaine de ses 127 mètres, la cathédrale du Salut du peuple – également appelée cathédrale nationale – devient ce dimanche 26 octobre le plus grand édifice orthodoxe jamais construit. Après quinze années d’un chantier titanesque et un coût estimé à 270 millions d’euros, ce monument imposant est désormais prêt à accueillir 10 000 fidèles pour sa consécration.

L’édifice, dont le dôme principal surplombe le Parlement lui-même, affiche des chiffres vertigineux : vingt-sept portes en bronze de 800 kilos chacune, une cloche de 25 tonnes et une croix de sept tonnes, la plus lourde du monde. Avec une capacité d’accueil de 5 000 personnes à l’intérieur et de plus de 23 000 sur le parvis, la cathédrale s’impose comme un symbole d’opulence et de puissance, relevait Balkan Insight.

Ses dômes dorés scintillent au-dessus de Bucarest, et ses mosaïques rivalisent en nombre avec celles des plus grands sanctuaires du monde, souligne Bloomberg. Mais derrière l’éclat de ses dorures, le financement du projet interroge. L’Église orthodoxe roumaine affirme avoir contribué à hauteur de 10 % seulement. Le reste provient de dons privés, de subventions locales et de fonds publics, un point sensible dans un pays qui fait face à un déficit budgétaire record au sein de l’Union européenne.

Pour de nombreux Roumains, cette inauguration survient à un moment peu propice. La Roumanie sort d’une grave crise politique et se prépare à des mesures d’austérité. Certains citoyens, à l’image de Teo Paduru, boulanger et chauffeur Uber, dénoncent un projet « déconnecté de la réalité sociale », alors que le pays manque d’écoles et d’hôpitaux. D’autres, comme Florentina Trandafir, gestionnaire d’immeubles, y voient un acte de foi et de fierté nationale : « Il n’y a jamais assez d’argent lorsqu’il sert la volonté et la grâce de Dieu », confie-t-elle à Bloomberg.

Malgré les critiques, la cathédrale incarne pour beaucoup un symbole d’identité et de renaissance spirituelle. Dans un pays où près de 90 % des 19 millions d’habitants se déclarent croyants, et où l’Église orthodoxe demeure l’institution la plus respectée, le monument s’impose comme le cœur d’un renouveau religieux. Avec quelque 27 000 églises réparties sur son territoire, la Roumanie abrite désormais le plus vaste sanctuaire orthodoxe au monde, un édifice à la hauteur de sa foi.

Sources :
Courrier international – En Roumanie, la plus grande cathédrale orthodoxe de la planète ouvre ses portes (25 octobre 2025) – courrierinternational.com
Balkan Insight – Romania’s People’s Salvation Cathedral: Monument of Faith or Vanity? – balkaninsight.com
Bloomberg – Romania’s Giant Orthodox Cathedral Opens Amid Fiscal Austerity – bloomberg.com