Une enquête conjointe menée par les ONG Bloom et Foodwatch révèle une contamination massive des conserves de thon au mercure dans l’Union européenne. Une situation alarmante qui met en lumière les dérives de l’industrie thonière et l’influence des lobbies sur les normes sanitaires.
L’étude, publiée le 29 octobre 2024, expose une réalité inquiétante : les tests réalisés sur près de 150 boîtes de thon provenant de cinq pays européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France, Italie) montrent que 100 % d’entre elles sont contaminées au mercure. Pire encore, plus de la moitié des boîtes dépassent le seuil maximal autorisé de 0,3 mg/kg pour les produits de la mer, certaines atteignant jusqu’à 13 fois cette limite.
Julie Guterman, chargée de recherche à Bloom, précise que le thon accumule les métaux lourds de ses proies, en tant que prédateur au sommet de la chaîne alimentaire. La présence de mercure dans le thon représente un risque grave pour la santé humaine. L’ingestion prolongée de ce métal lourd peut entraîner des problèmes neuronaux, cardiovasculaires et immunitaires, et compromettre le développement du fœtus chez les femmes enceintes.
Une industrie sous influence des lobbies thoniers
La présence de mercure dans le thon n’est pas une nouveauté, mais l’étude de Bloom et Foodwatch dénonce l’influence des lobbies thoniers sur la réglementation sanitaire en Europe. Les normes de sécurité alimentaire semblent davantage fixées pour préserver les intérêts financiers des industriels que pour protéger les consommateurs.
Les ONG critiquent les dérogations accordées à certaines espèces comme le thon, malgré les risques pour la santé. « Le mercure du thon n’est pas moins toxique que celui de la sardine, » pointe le rapport, soulignant la nécessité urgente de revoir les seuils autorisés.
Des conséquences graves sur la Santé
Selon le professeur Philippe Grandjean, chercheur à Harvard et expert des méfaits du mercure, l’accumulation de ce métal peut impacter gravement le développement neuronal du fœtus. « Le mercure ingéré par une femme enceinte affecte le développement cérébral de l’enfant, entraînant des troubles moteurs et cognitifs, » alerte-t-il.
Une révision des normes urgente
Face à ces révélations, Claire Nouvian, fondatrice de Bloom, appelle à un changement de réglementation pour limiter la contamination du thon au mercure. « Nous allons nous battre pour faire bouger les choses, » assure-t-elle, déterminée à interpeller les autorités européennes et les décideurs politiques.
Les deux ONG ont lancé une pétition afin d’exiger des dix enseignes de la grande distribution les plus importantes d’Allemagne, d’Espagne, de France et d’Italie de prendre leur responsabilité et d’agir immédiatement en prenant d’urgence 3 mesures : Informer les consommateur·ices des risques sanitaires liés à la contamination des poissons au mercure via un étiquetage visible, Retirer le thon contaminé (au-dessus de 0,3 mg/kg), mais aussi cesser toute publicité et promotion pour le thon