En Afrique subsaharienne, le poids de la dette s’alourdit dangereusement, menaçant la stabilité économique de plusieurs nations. Selon le FMI, le ratio moyen d’endettement est passé de 30 % du PIB en 2013 à près de 60 % en 2022. Le média pan africain The Continent, basé en Afrique du Sud et lancé en pleine pandémie par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum, Simon Allison, met en lumière dans un article, les mécanismes internationaux d’endettement qui favorisent les grandes entreprises et investisseurs étrangers, tout en laissant les populations locales dans la précarité, à travers l’exemple Sénégalais.
Nos confrères prennent l’exemple de Kédougou, au Sénégal, une région riche en ressources aurifères, où la pauvreté contraste cruellement avec les exportations d’or. En 2023, sur les 17 tonnes d’or extraites au Sénégal, plus de la moitié provenaient de la mine de Sabodala. Malgré cette richesse, la population locale continue de lutter pour accéder à des services de base, avec un chômage élevé et peu de perspectives pour les jeunes.
L’exemple d’Endeavour Mining au Sénégal
Endeavour Mining, une entreprise britannique de droit canadien, qui contrôle la mine de Sabodala a généré des revenus estimés à 598 millions de dollars, depuis le début de son exploitation en 2021. La société a été créée par une équipe dirigée par Neil Woodyer sous le nom d’Endeavour Financial en 1988, sous la forme d’une banque d’affaires minière et d’une entreprise de conseil. Ce n’est qu’en 2002, que la société a été rebaptisée Endeavour Mining se spécialisant dans l’exploitation et de développement minier à partir de 2009. L’entreprise a connu un fort développement sous l’impulsion de l’homme d’affaire égyptien, Naguib Sawiris, un habitué de Davos, qui est devenu actionnaire principal du groupe avec 30% des parts à travers sa société La Mancha Resources. Désormais Sawiris, possède 17% des parts d’Endeavour Mining, tandis que le deuxième actionnaire est Black Rock, le fonds de pension membre du FEM, avec 11,5% des parts.
Malgré les revenus astronomiques générés par la mine, seulement 10 % des bénéfices reviennent à l’État sénégalais, le reste étant distribué entre les actionnaires internationaux. Cette iniquité contractuelle oblige le Sénégal à emprunter sur les marchés internationaux pour financer ses besoins, souvent auprès des mêmes entreprises qui exploitent ses ressources.
Un cercle vicieux d’endettement
The Continent souligne que le cas du Sénégal illustre un problème plus large en Afrique : les États sont pris dans un cycle d’endettement orchestré par des créanciers privés internationaux. Il cite l’exemple de sociétés, telles que BlackRock, HSBC ou Fidelity International, sans mentionner qu’elles sont membres du Forum économique mondial, signalant qu’elles achètent des obligations souveraines africaines tout en bénéficiant des revenus de l’exploitation des matières premières locales. Ces prêts sont souvent assortis de taux d’intérêt élevés, allant jusqu’à 7,75 %, rendant difficile leur remboursement, souligne le média pan-africain, précisant que les pays africains, lorsqu’ils ne peuvent honorer leurs dettes, se tournent vers le FMI. Or celui-ci est dirigé par la contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Kristalina Georgieva. Les aides accordées sont généralement conditionnées à des réformes économiques strictes, comme l’augmentation des taxes ou la dévaluation des monnaies nationales. Ces mesures, bien qu’essentielles pour stabiliser les finances publiques, provoquent souvent des manifestations et une instabilité sociale, notent nos confrères.
Une situation insoutenable pour les populations
En 2023, la dette extérieure des pays africains auprès de créanciers privés atteignait 777 milliards de dollars, soit 44 % de leur dette totale. Les pays à revenu intermédiaire, exclus des prêts à faible taux d’institutions comme la Banque mondiale, affiliée au FEM, dépendent fortement de ces emprunts risqués. En Angola et en Afrique du Sud, par exemple, les dettes privées représentent respectivement 78 % et 88 % de la dette souveraine, selon The Continent.
Cependant, ces emprunts ne profitent pas aux citoyens ordinaires. Tandis que les entreprises étrangères engrangent des bénéfices massifs, les populations locales supportent les coûts sociaux et environnementaux. Au Sénégal, l’exploitation aurifère laisse derrière elle une pollution massive, sans impact positif notable sur l’éducation, la santé ou l’emploi.