Pékin s’attaque frontalement aux importations étrangères de plastique. À l’issue d’une enquête antidumping lancée en 2023, les autorités chinoises ont annoncé de lourdes surtaxes sur plusieurs types de plastique en provenance des États-Unis, de l’Union européenne et du Japon. Les nouveaux droits de douane, allant de 3,8 % à 74,9 %, entrent en vigueur ce lundi 20 mai 2025.
Cette décision cible plus précisément les importations de copolymères de polyformaldéhyde, un matériau thermoplastique largement utilisé dans l’industrie automobile, l’électronique ou encore les équipements médicaux. Selon le ministère chinois du commerce, l’enquête menée a conclu que les producteurs étrangers vendaient ce produit à un prix inférieur à sa valeur réelle sur le marché chinois, nuisant ainsi aux fabricants locaux. *« Ces pratiques de dumping ont causé un préjudice substantiel à l’industrie nationale »*, indique le communiqué officiel publié vendredi 17 mai.
Tensions commerciales persistantes
La mesure s’inscrit dans un contexte tendu de chaînes d’approvisionnement bouleversées et de frictions commerciales persistantes entre la Chine et ses partenaires occidentaux. Pékin avait ouvert son enquête en février 2023, à la suite de plaintes de plusieurs acteurs industriels domestiques. Les taxes les plus élevées viseront certaines entreprises américaines, notamment Celanese et Ineos USA, ainsi que des fournisseurs européens et japonais dont les identités n’ont pas été rendues publiques.
L’Union européenne, qui entretient des relations commerciales complexes avec la Chine, notamment dans les secteurs de la technologie et des matières premières, se retrouve une nouvelle fois dans le viseur de mesures compensatoires. Même constat pour les États-Unis, déjà engagés dans une guerre tarifaire de longue durée avec la deuxième économie mondiale. Les conséquences économiques de ces nouvelles barrières douanières pourraient rapidement se faire sentir pour les exportateurs occidentaux, confrontés à une hausse immédiate des coûts à l’entrée du marché chinois.
Des répercussions pour les chaînes d’approvisionnement globales
Le polyformaldéhyde est un polymère technique essentiel dans la fabrication de pièces industrielles de haute précision. Son rôle est particulièrement critique dans les secteurs de la mécanique de précision, où les exigences en matière de résistance, de légèreté et de durabilité sont élevées. En durcissant les conditions d’importation, la Chine cherche non seulement à protéger son industrie locale, mais aussi à renforcer sa capacité intérieure dans la production de matériaux stratégiques.
Cette politique de fermeture partielle pourrait toutefois désorganiser des chaînes de production mondiales déjà fragilisées par les tensions géopolitiques et les bouleversements logistiques post-Covid. Les constructeurs automobiles ou les fabricants d’électronique qui s’approvisionnent en Chine devront repenser leurs circuits ou absorber à court terme des hausses de coûts potentiellement importantes.
Conformément aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tout pays membre est autorisé à imposer des droits antidumping si une enquête démontre des pratiques de vente à perte. Pékin affirme que sa démarche respecte pleinement ce cadre multilatéral. Les entreprises concernées par les taux de surtaxe devront attendre des précisions supplémentaires des autorités douanières, notamment sur les modalités de calcul des droits appliqués.
Alors que les États-Unis ont récemment accentué leurs propres tarifs sur les véhicules électriques chinois et que Bruxelles envisage de taxer les importations de panneaux solaires en provenance d’Asie, cette décision de Pékin pourrait encore intensifier les tensions commerciales. Pour les acteurs industriels, c’est une nouvelle zone de turbulences qui s’ouvre dans un climat global déjà tendu.