Les propos du général Fabien Mandon, appelant les élus à « accepter de perdre [leurs] enfants » en cas de conflit armé, ont déclenché une tempête politique. Entre alarmisme jugé déplacé et avertissement jugé nécessaire, la déclaration ravive le débat sur le rôle du commandement militaire dans la préparation du pays face aux menaces stratégiques.
Le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, a profondément divisé les élus mardi 18 novembre lors du Congrès des maires de France. Face aux responsables locaux, il a appelé à regarder en face la possibilité de pertes humaines si le pays devait affronter un conflit majeur. « Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, alors on est en risque », a-t-il affirmé, estimant nécessaire de préparer la société à un contexte stratégique qu’il juge incertain.
Cette intervention, d’une rare frontalité, a immédiatement marqué plusieurs élus présents. Pour Xavier Poudevigne, maire sans étiquette de Prinsuéjols-Malbouzon, en Lozère, le cadre choisi n’était pas le bon. L’élu y voit une forme d’alerte excessive. Selon lui, évoquer publiquement de telles pertes revient à « faire peur aux gens », même s’il reconnaît la nécessité d’anticiper les besoins de recrutement et de préparation des forces.
À l’inverse, certains maires saluent une prise de parole jugée indispensable. Daniel Jollit, maire de Romans dans les Deux-Sèvres, estime vital de ne pas masquer les risques. Préparer les citoyens et montrer à d’éventuels adversaires que la France est prête seraient, selon lui, des conditions de crédibilité stratégique.
La polémique enfle d’autant plus que ce n’est pas la première sortie du général Mandon sur un éventuel affrontement majeur. Devant les députés, il avait déjà estimé que la France devait se tenir prête à un conflit potentiel avec la Russie dans un horizon de trois à quatre ans. Une ligne de communication jugée alarmiste par une partie de la gauche. Alexis Corbières, député Écologiste et Social, considère que ce type de déclarations dépasse les prérogatives du chef militaire : un discours « politique », selon lui, qui n’a pas sa place devant les élus.
Du côté du bloc central, la lecture est radicalement différente. Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates à l’Assemblée nationale, défend la légitimité du général. Pour lui, éclairer les responsables publics sur les risques et sur la préparation au pire fait partie intégrante de la mission militaire. Le Rassemblement national, quant à lui, s’est également élevé contre la prise de parole du chef d’état-major, ajoutant une nouvelle voix à une controverse qui cristallise la tension entre devoir d’alerte et responsabilité politique.
Florian Philippot, fondateur des Patriotes évoque sur X le « discours fou du CEMA Mandon sur la mort des enfants français pour l’Ukraine » qui participe de la « radicalisation » des « euro faucons ».
Dans un contexte international marqué par les incertitudes stratégiques, la question du rôle des militaires dans la communication publique redevient brûlante. Entre lucidité nécessaire et prudence politique, la frontière apparaît parfois ténue, à l’heure où la France interroge sa capacité à affronter un conflit de haute intensité.
Sources :
France Télévisions – France 2, reportage du 20 novembre 2025 – lien