Nommé par Donald Trump à Paris, Charles Kushner, homme d’affaires et père de Jared Kushner, entend incarner une diplomatie offensive et directe. Fidèle au président américain, celui qui a présenté ses lettres de créance à Emmanuel Macron, le 18 juillet dernier affirme dans une interview publiée aujourd’hui dans Le Parisien, vouloir « obtenir des résultats » et promet une communication fluide entre la France et la Maison-Blanche dans un contexte tendu. Suite aux déclarations de Macron sur la reconnaissance de la France de l’Etat de Palestine, ce fils de survivant de la Shoah estime que cela « serait une erreur de récompenser le Hamas ».
Une semaine après avoir présenté ses lettres de créance à Emmanuel Macron, Charles Kushner accorde sa première interview en tant qu’ambassadeur des États-Unis à Paris. L’homme d’affaires de 70 ans, beau-père d’Ivanka Trump, s’installe dans un rôle diplomatique pour la première fois de sa vie, à un moment charnière des relations transatlantiques.
D’entrée de jeu, Kushner revendique sa proximité avec Donald Trump comme un « atout pour la France ». « Si la France souhaite transmettre un message à la Maison-Blanche, je peux faire en sorte qu’il soit reçu rapidement et clairement », affirme-t-il au Parisien. Un accès privilégié au président américain qu’il entend mettre à profit dans une relation bilatérale à la fois stratégique et sous tension.
Un mandat placé sous le sceau de l’efficacité et de la fermeté
Le président Trump attend de lui des résultats concrets : équité dans les échanges commerciaux, renforcement de la coopération sécuritaire, mais aussi pression sur les partenaires de l’OTAN pour un investissement accru dans la défense. « Ce n’est pas une diplomatie symbolique », insiste Kushner, qui se réfère régulièrement à ses compétences d’homme d’affaires et à sa capacité à résoudre des problèmes complexes.
Sur le plan économique, l’ambassadeur américain ne cache pas son agacement face à ce qu’il considère comme des obstacles injustes au commerce : taxes numériques, réglementations environnementales, ou encore discriminations envers les entreprises américaines. Il affirme que l’objectif de Washington n’est pas de « punir » les alliés, mais d’« obtenir de l’équité ». Tout en reconnaissant l’éventualité de compromis, il maintient que « l’Europe devra faire des efforts » pour rééquilibrer la relation.
Une ligne dure sur la Palestine et l’antisémitisme
Interrogé sur la reconnaissance de l’État de Palestine par la France annoncée pour septembre, Charles Kushner est catégorique : « Ce serait une erreur de récompenser le Hamas. » Il considère cette décision comme un risque de torpiller les négociations et exhorte Paris à attendre la libération des otages. L’ambassadeur promet de transmettre ce message « directement, respectueusement, mais fermement » aux autorités françaises.
Fils de survivants de la Shoah, il s’engage aussi contre l’antisémitisme, qu’il perçoit comme en progression en France, et annonce vouloir faire de cette lutte une priorité de son action. « Ce n’est pas une question d’histoire — c’est une question d’avenir », dit-il, rappelant que sa première visite fut pour le Mémorial de la Shoah.
Une diplomatie américaine plus offensive en France
Sur les plans militaire et géopolitique, Kushner réitère la demande américaine d’un effort budgétaire accru des Européens, citant l’objectif fixé par Trump de 5 % du PIB consacré à la défense. Il salue les intentions mais attend « des actes concrets ».
Quant à son passé judiciaire — une condamnation pour fraude fiscale et subornation de témoin — il l’assume pleinement : « J’ai commis une faute très, très grave. […] Je compte honorer cette seconde chance ici. »
Installé avec son épouse à l’ambassade, Charles Kushner entend inscrire son action dans la durée. À la veille du 250e anniversaire des États-Unis, il veut faire de Paris une plateforme diplomatique centrale, mêlant mémoire, stratégie, et diplomatie d’influence dans les banlieues, où il maintiendra les programmes d’échanges pour les jeunes.