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Immigration à JFK. Photo : DR

États-Unis : vers une surveillance accrue des voyageurs avec l’obligation de dévoiler cinq ans d’activité sur les réseaux sociaux

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Washington s’apprête à imposer de nouvelles exigences aux voyageurs étrangers exemptés de visa, notamment les Français, en leur réclamant l’historique complet de leurs réseaux sociaux sur cinq ans. Cette mesure voulue par l’administration du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump marque un nouveau tournant dans la collecte de données personnelles. Elle suscite de vives inquiétudes quant au respect de la vie privée et à l’avenir de la liberté de circulation.

L’administration Trump poursuit son durcissement des conditions d’entrée sur le territoire américain. Selon un avis publié dans le Register Federal, le Journal officiel des États-Unis, les voyageurs bénéficiant du programme d’exemption de visa devront prochainement fournir l’historique de leurs activités sur les réseaux sociaux couvrant les cinq dernières années. Cette réforme, qui concernera notamment les ressortissants français, britanniques, allemands, japonais ou encore australiens, doit entrer en vigueur d’ici soixante jours, sauf contestation judiciaire.

Depuis plusieurs années, les autorités américaines multiplient les exigences documentaires dans le cadre du dispositif ESTA, permettant aux ressortissants de quarante-deux pays d’effectuer des séjours touristiques ou professionnels de moins de quatre-vingt-dix jours sans visa. La proposition publiée renforce ce mécanisme en ajoutant les réseaux sociaux comme élément obligatoire à tout dossier de demande d’autorisation. Une évolution qui, au-delà d’un simple ajustement administratif, interroge frontalement la place accordée à la vie privée dans les procédures migratoires.

Le texte prévoit également l’intégration de nouveaux champs de données. Les services des douanes et de la protection des frontières (CBP) souhaitent obtenir les numéros de téléphone utilisés au cours des cinq dernières années et l’ensemble des adresses électroniques actives au cours de la dernière décennie. Ils exigeraient en outre des informations détaillées sur les membres de la famille : noms, dates et lieux de naissance, téléphones et adresses complètes. Un véritable inventaire à la Prévert, dont l’ampleur témoigne d’un glissement continu vers une surveillance administrative plus intrusive. Certains observateurs dénoncent déjà une démarche disproportionnée, là où d’autres parlent d’une extension méthodique du contrôle numérique, une sorte de “fouille de sac virtuelle”.

Cette proposition intervient à un moment stratégique pour les États-Unis, qui s’apprêtent à accueillir, aux côtés du Canada et du Mexique, la Coupe du monde de football 2026, un événement susceptible d’attirer des centaines de milliers de visiteurs internationaux. Parallèlement, Washington a récemment relevé le tarif d’accès à plusieurs parcs nationaux pour les visiteurs étrangers, au nom de la priorité donnée aux citoyens américains. Autant de signaux qui témoignent d’une volonté politique assumée de restreindre, ou du moins de filtrer plus sévèrement, les flux touristiques.

Un choix d’autant plus sensible que le secteur touristique américain connaît déjà un recul notable. L’US Travel Association anticipe une baisse de 6,3 % des arrivées internationales en 2025 par rapport à 2024, un ralentissement attribué en partie au climat politique instauré par la présidence républicaine. Une tendance qui pourrait s’accentuer si les nouvelles contraintes administratives venaient à décourager davantage les voyageurs étrangers.

Dans ce contexte, l’obligation de dévoiler son passé numérique risque de cristalliser les critiques, tant du côté des défenseurs des libertés publiques que de celui des professionnels du tourisme inquiets pour l’attractivité du pays. À l’heure où les données personnelles constituent l’un des biens les plus sensibles de la vie moderne, la mesure s’apparente pour beaucoup à un pas supplémentaire vers une forme de contrôle étendu, où la frontière entre sécurité nationale et intrusion excessive semble toujours plus ténue.

Sources :
BFM Business – Article publié le  lien

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