Un jury populaire de New York a estimé que BNP Paribas avait indirectement contribué au maintien du régime d’Omar el-Béchir en finançant ses milices. Trois réfugiés soudanais, victimes de tortures et de violences, recevront plus de 20 millions de dollars de dommages et intérêts.
C’est une décision historique rendue par un tribunal new-yorkais : vendredi 17 octobre, BNP Paribas a été reconnue complice d’exactions commises au Soudan sous le régime d’Omar el-Béchir. Le jury, composé de huit citoyens américains, a estimé que la banque française avait participé, à travers ses services financiers, au maintien du pouvoir autoritaire de l’ancien dictateur, en poste de 1989 à 2019.
Les plaignants, trois réfugiés soudanais devenus citoyens américains, avaient engagé la procédure dès 2016. Ils accusaient BNP Paribas d’avoir organisé des transactions commerciales dont les revenus auraient servi à financer l’armée et les milices responsables de crimes contre la population civile. Le jury leur a donné raison, attribuant un total de 20,75 millions de dollars de réparations : 7,3 millions à Entesar Osman Kasher, victime de viols et de détentions arbitraires, 6,7 millions à Abulgasim Suleman Abdalla, ancien agriculteur, et 6,75 millions à Turjuman Ramadan Turjuman, juge et avocat défenseur des droits humains.
Ces témoignages glaçants évoquent des scènes d’une brutalité extrême : tortures, brûlures, coups, viols, destructions de biens. Le jury a reconnu que la banque française avait facilité des opérations financières profitant directement au régime de Khartoum. Active au Soudan entre la fin des années 1990 et 2009, BNP Paribas avait fourni des lettres de crédit et d’autres services à des entreprises liées à l’État soudanais.
La défense de la banque a immédiatement réagi, qualifiant la décision de « manifestement erronée ». Selon son porte-parole, le verdict « fait abstraction d’éléments de preuve essentiels » et s’appuie sur une « mauvaise interprétation du droit suisse », la filiale impliquée étant située à Genève. BNP Paribas a annoncé son intention de faire appel.
Cette affaire s’inscrit dans un long feuilleton judiciaire. En 2014, BNP Paribas avait déjà été condamnée à une amende record de 8,9 milliards de dollars par les autorités américaines pour avoir violé les sanctions imposées à Cuba, à l’Iran et au Soudan entre 2004 et 2012. À l’époque, le Département de la Justice américain l’avait accusée de jouer un rôle de « banque centrale » pour le gouvernement soudanais, dissimulant volontairement ses activités.
Si cette condamnation avait marqué les esprits, aucune compensation directe n’avait alors été versée aux victimes des régimes concernés. Le jugement rendu à New York vient donc combler, au moins symboliquement, ce vide de justice. Pour les trois plaignants, il représente une reconnaissance publique de leurs souffrances et de la responsabilité financière d’une institution mondiale dans l’une des pages les plus sombres de l’histoire contemporaine du Soudan.
Méta-description :
Un jury new-yorkais reconnaît BNP Paribas complice d’exactions au Soudan et accorde plus de 20 millions de dollars à trois réfugiés soudanais victimes du régime el-Béchir.
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BNP Paribas, Soudan, Omar el-Béchir, justice américaine, crimes contre l’humanité
Image :
Salle d’audience new-yorkaise, lumière tamisée, un jury populaire face à des avocats ; en arrière-plan, l’emblème de la justice américaine. Atmosphère tendue et solennelle, évoquant la responsabilité des grandes institutions financières, format 16/9, sans texte.
Sources :
Ouest-France – Julien Ricotta – publié le 18 octobre 2025 – https://www.ouest-france.fr
Le Monde – « BNP Paribas jugée complice d’exactions au Soudan par un jury américain » – https://www.lemonde.fr