Alors que Moscou tente de séduire Washington avant le sommet de Budapest, Vladimir Poutine relance un projet vieux d’un siècle : un tunnel reliant la Russie à l’Alaska sous le détroit de Béring. Donald Trump juge l’idée « intéressante ».
L’image a déjà fait le tour du monde : Donald Trump et Vladimir Poutine côte à côte à Anchorage, en Alaska, le 15 août dernier. Ce cliché, immortalisé avant le sommet prévu à Budapest, trouve un nouvel écho depuis la relance par Moscou d’un projet aussi spectaculaire que controversé — la construction d’un tunnel sous le détroit de Béring, reliant la Russie à l’Alaska.
L’idée, portée publiquement par Kirill Dmitriev, le patron du Fonds souverain d’investissements directs de Russie (RDIF), a tout d’un coup de communication géopolitique. Présentée comme une « main tendue vers la coopération internationale », elle vise, selon lui, à « connecter les États-Unis et la Russie, les Amériques et l’Afro-Eurasie ». Le tunnel, à la fois routier et ferroviaire, long de 70 miles (environ 112 kilomètres), serait baptisé « Poutine-Trump », un symbole d’unité entre les continents — mais aussi entre deux dirigeants en quête d’influence.
Ce projet, qui resurgit périodiquement depuis plus d’un siècle, est vu à Moscou comme un geste d’amadouement envers Washington, à un moment où la Russie cherche à désamorcer la menace des missiles Tomahawk que les États-Unis pourraient livrer à l’Ukraine. Selon Le Figaro, Kirill Dmitriev, envoyé spécial du Kremlin au printemps dernier, a joué un rôle clé dans la reprise du dialogue russo-américain depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Dmitriev, qui entretient des liens avec Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Trump pour les négociations de paix, a même suggéré que la Boring Company d’Elon Musk puisse participer à la construction de l’ouvrage.
Interrogé à Washington, Donald Trump a jugé aujourd’hui l’idée « intéressante » et digne d’« une réflexion stratégique à long terme ». Il y voit un symbole de coopération future entre deux puissances historiquement rivales. Avec un sourire, il a ensuite demandé au président ukrainien ce qu’il en pensait. « Je ne suis pas heureux de cette idée », a sèchement répondu Zelensky, visiblement irrité. Trump a alors glissé, amusé : « Je crois qu’il n’a pas aimé. »
Du côté de Moscou, Kirill Dmitrec s’est immédiatement félicité de la situation sur X.
Techniquement, le tunnel du détroit de Béring représenterait un défi colossal : près de 90 kilomètres sous les eaux glacées, reliant la région russe du Tchoukotka à l’État de l’Alaska. Estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars, il nécessiterait des décennies de travaux. Mais au-delà de la faisabilité, le symbole séduit Moscou : un projet qui ferait de la Russie le trait d’union entre l’Eurasie et l’Amérique, au moment où son isolement international s’accentue.
Pour Donald Trump, cette relance tombe à point nommé. À quelques jours de son tête-à-tête annoncé avec Vladimir Poutine à Budapest, le président américain affiche sa volonté de « construire des ponts plutôt que des murs », tout en promettant de « préserver la paix mondiale ».
Sources :
Le Figaro – Un tunnel « Poutine-Trump » sous le détroit de Béring, entre la Russie et l’Alaska ? – lien
Reuters – Trump finds Putin’s tunnel proposal “interesting”, Zelensky not pleased – lien
Le Monde – Trump juge “intéressante” l’idée d’un tunnel Russie-Alaska, Zelensky exprime son mécontentement – lien