Le président américain Joe Biden a annoncé être atteint d’un cancer agressif de la prostate, relançant les interrogations sur sa capacité à exercer ses fonctions et à envisager un avenir politique prolongé. Cette révélation, rendue publique alors que sa santé fait de nouveau l’objet de spéculations à Washington, coïncide avec la sortie d’un livre incendiaire sur les coulisses chaotiques de sa tentative avortée de candidature à un second mandat en 2023.
L’information a été confirmée le 18 mai par un communiqué médical émanant de la Maison Blanche, précisant que Joe Biden suit actuellement un traitement aux États-Unis pour un cancer de la prostate jugé « agressif mais traitable ». L’équipe médicale du président s’est voulue rassurante sur son état général, assurant que la maladie avait été détectée à temps grâce à un dépistage régulier et qu’elle faisait l’objet d’une prise en charge rigoureuse. Le président, âgé de 82 ans, poursuit ses fonctions et reste sous surveillance médicale étroite. L’annonce intervient alors que l’état de santé du chef de l’État continue d’alimenter les débats dans la sphère politique américaine, à la veille de la désignation officielle des candidats pour la présidentielle de 2024.
Un diagnostic politique autant que médical
Au-delà de l’aspect médical, le timing de cette annonce ne passe pas inaperçu. Elle survient quelques jours seulement avant la parution d’un ouvrage très attendu, Original Sin, du journaliste Gabriel Debenedetti. Ce livre revient en détail sur les tensions internes de l’équipe Biden au moment de l’annonce de sa candidature en 2023, finalement avortée. Selon l’auteur, l’entourage immédiat du président aurait sous-estimé la dégradation de sa condition physique et négligé les signaux d’alarme. Ce qui, selon plusieurs membres de l’administration cités dans l’ouvrage, aurait contribué à une gestion erratique des semaines précédant le retrait de Joe Biden de la course présidentielle.
Le président, qui avait déjà battu des records d’âge à son entrée en fonction en 2021, a souvent été la cible de critiques sur sa lucidité, ses capacités cognitives et son endurance face à un calendrier de chef d’État. « Nous pensions bien faire en le protégeant, mais on s’est peut-être aveuglés sur certaines réalités », confie sous anonymat un conseiller cité dans Original Sin. Le livre décrit un cercle rapproché hésitant entre loyauté personnelle et inquiétudes croissantes sur la condition du président, dans un contexte de défiance accrue de l’électorat démocrate.
Un tabou de santé publique remis en lumière
Le cancer de la prostate reste une maladie fréquente chez les hommes âgés, mais son traitement peut être physiquement éprouvant, en particulier lorsque le cancer est qualifié d’agressif. Les médecins de Joe Biden n’ont pas précisé la nature exacte du traitement suivi, mais ont souligné qu’il s’inscrit dans un protocole standard. En révélant sa maladie, le président brise un tabou persistant dans la politique américaine : celui du silence sur la santé des dirigeants. Depuis l’ère Reagan, les présidents filtrent la moindre information médicale, au nom de la stabilité nationale. Dans ce contexte, la communication de la Maison Blanche sur l’état de santé de Joe Biden se veut proactive, sans masquer l’inquiétude qu’elle peut générer.
Si cette transparence reste partielle, elle témoigne d’une volonté de circonscrire les spéculations, alimentées ces derniers mois par des apparitions publiques jugées hésitantes et plusieurs séquences virales dans lesquelles le président semblait confus ou désorienté. L’opposition républicaine n’a pas manqué de s’engouffrer dans la brèche. De son côté, l’administration affirme que Joe Biden remplit pleinement ses fonctions, notamment dans les dossiers stratégiques tels que la guerre en Ukraine, les tensions en Asie ou encore la réforme migratoire.
L’onde de choc politique reste à mesurer
Les répercussions politiques de cette annonce sont encore incertaines. Officiellement, Joe Biden n’est plus en lice pour un second mandat après son retrait de 2023. Mais l’absence de successeur évident et les tiraillements internes au sein du Parti démocrate laissent ouverte l’hypothèse d’un rôle central qu’il pourrait continuer de jouer dans la transition à venir. Le livre Original Sin dépeint une Maison Blanche fragilisée par des conflits de stratégie, où certains conseillers auraient envisagé de pousser Joe Biden à forcer un retour dans la course, malgré l’avertissement des médecins en coulisses. Si ce scénario reste hypothétique, il illustre la tension entre la réalité biologique du président et les projections politiques d’un camp en quête d’incarnation.