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Bernard Arnault. Photo : @Jérémy Barande

Bernard Arnault critique la surtaxe sur les grandes entreprises et met en garde contre la « taxation du made in France »

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Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH , membre du Forum économique mondial, a vivement critiqué la surtaxe d’impôt sur les grandes entreprises prévue dans le budget 2025 du gouvernement français. Selon lui, cette mesure, qui pourrait faire grimper la fiscalité des entreprises réalisant plus de trois milliards d’euros de chiffre d’affaires de 40 %, constitue une véritable « taxation du made in France » qui risquerait d’encourager la délocalisation.

Lors de la présentation des résultats annuels de LVMH, Bernard Arnault a partagé son ressenti après un séjour aux États-Unis, où il a assisté à la cérémonie d’investiture du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump, aux côtés de ses enfants Delphine, PDG de Dior, et Alexandre, directeur général délégué de Moët-Hennessy. « Je reviens des USA et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays. Et quand on revient en France, c’est un peu la douche froide », a-t-il déclaré.

L’homme d’affaires a mis en avant les politiques fiscales américaines plus favorables aux entreprises, citant un taux d’imposition abaissé à 15 % et des subventions pour les ateliers de production. À l’inverse, il estime que la surtaxe prévue en France pourrait nuire à la compétitivité des entreprises nationales et favoriser la délocalisation de la production.

Une surtaxe jugée contre-productive

Bernard Arnault déplore que cette surtaxe, censée rapporter 8 milliards d’euros à l’État en 2025, constitue un frein au développement des entreprises françaises. « Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal ! », a-t-il ironisé, tout en soulignant que les autorités américaines encouragent activement les entreprises étrangères à s’implanter aux États-Unis.

Le gouvernement français tente néanmoins de rassurer, affirmant que cette surtaxe ne s’appliquera que pour une seule année. Mais Bernard Arnault reste sceptique : « Personne n’y croit, une fois qu’on a augmenté les impôts de 40 %, qui va les baisser de 40 % ? »

Une réponse du gouvernement

Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a réagi aux critiques du PDG de LVMH en affirmant comprendre sa colère, mais en rappelant la nécessité pour tous les acteurs économiques de contribuer à l’effort budgétaire. Elle a déclaré lors du compte-rendu du Conseil des ministres : « Je comprends que dans la condition budgétaire dans laquelle nous nous trouvons, chacun doit prendre part aux efforts. »

Le ministre délégué en charge de l’Europe, Benjamin Haddad, membre de l’Atlantic Council, un think tank américain spécialisé dans les relations internationales dirigé par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Frederick Kempe, a aussi appelé à prendre en compte les remarques du patron de LVMH, tout en soulignant les faibles marges de manœuvre budgétaire de l’exécutif pour corriger le dérapage du déficit. 

En parallèle, LVMH a annoncé une baisse de 17 % de son bénéfice net en 2024, à 12,55 milliards d’euros, et un recul de 2 % de son chiffre d’affaires annuel, à 84,7 milliards d’euros.

L’indignation de la gauche

La sortie de Bernard Arnault a provoqué des réactions vives à gauche, où il est perçu comme un exemple de l’indifférence des grands patrons à la solidarité nationale. Des figures comme Marine Tondelier, Fabien Roussel et Antoine Léaument l’ont accusé de ne pas assumer ses responsabilités fiscales et de faire preuve d’un « patriotisme en carton ». Ils appellent à une taxation plus juste des grandes fortunes et dénoncent son comportement comme un chantage. Le député LFI Léaument propose même des mesures radicales comme la réquisition des biens des « traîtres » qui fuient l’impôt, tandis que Benjamin Lucas (Génération.s) met en garde contre l’influence des milliardaires sur la démocratie.

Depuis 2019, Bernard Arnault et sa famille détiennent le titre de plus grande fortune européenne. En 2022, Challenges estimait leur patrimoine à 149 milliards d’euros, tandis que Forbes l’évaluait à 238,5 milliards de dollars au 9 mai 2023. Depuis décembre 2022, Bernard Arnault occupe en alternance avec l’américain Elon Musk, la première place du classement mondial des milliardaires de ce magazine.

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