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Image : Dall E X X-Pression média.

Atos : Vers une commission d’enquête parlementaire sur la débâcle du géant français ?

Une proposition de résolution a été déposée le 21 janvier par les députés LFI Aurélien Saintoul et Mathilde Panot. Selon Marianne, elle appelle à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation financière d’Atos, le géant du numérique français, membre du Forum économique mondial. Cette initiative vise à faire la lumière sur les conditions de la restructuration du groupe informatique et à évaluer la pertinence d’une nationalisation totale.

Selon Aurélien Saintoul, qui suit ce dossier depuis plusieurs mois, le gouvernement aurait joué un rôle clé dans la gestion de la crise d’Atos. Il dénonce une « vente à la découpe » du fleuron français de l’informatique et réclame une enquête sur les décisions politiques et économiques ayant conduit à cette situation critique.

Créé en 1997, Atos est un acteur majeur de l’infogérance, du cloud et de la cybersécurité. Son activité s’étend notamment aux infrastructures sensibles comme les supercalculateurs, la gestion des données stratégiques et les systèmes de défense. Toutefois, après une succession de difficultés financières et de mauvaises décisions de gestion, notamment sous la direction de Thierry Breton, l’entreprise s’est retrouvée sous le contrôle de ses créanciers à la fin de l’année 2024.

Une restructuration controversée

L’histoire récente d’Atos est marquée par une crise financière aiguë. Fin décembre 2024, la restructuration du groupe s’est soldée par une prise de contrôle par ses créanciers via une procédure de sauvegarde accélérée. Un épisode qui suscite de nombreuses interrogations, notamment sur la responsabilité du gouvernement et la nécessité d’une intervention étatique pour préserver ce pilier technologique français.

Les députés soulignent que « toutes les activités du groupe en France participent à la souveraineté numérique et donc sont stratégiques (…) pour l’économie et la sécurité ». Ils s’inquiètent de voir des actifs transférés vers des holdings basées aux Pays-Bas, un choix qui pourrait faciliter une optimisation fiscale au détriment des intérêts nationaux.

Nationalisation : une option sur la table ?

Face à la détérioration financière d’Atos, la question de la nationalisation refait surface. Selon les parlementaires, il s’agit de « la seule option réaliste pour préserver le patrimoine industriel et technologique de la France ». Cette solution permettrait d’assurer un contrôle national sur des secteurs critiques tels que la cybersécurité et la gestion des infrastructures nucléaires.

Cependant, une telle initiative impliquerait des investissements massifs de la part de l’État, ce qui suscite des débats au sein du paysage politique français. L’exécutif reste pour l’instant discret sur cette éventualité, préférant favoriser un partenariat avec des acteurs privés comme Thales, qui compte parmi ses actionnaires Dassault Aviation, un groupe lui aussi, membre du Forum économique mondial et dans lequel, l’Etat est déjà actionnaire à hauteur de 27%.

Une affaire qui pourrait peser sur le débat politique

Alors que la valeur boursière d’Atos s’est effondrée pour atteindre à peine 20 millions d’euros en novembre 2024, la gestion du dossier pourrait avoir des répercussions politiques importantes. L’opposition accuse le gouvernement d’avoir abandonné l’entreprise à ses créanciers, et cette crise pourrait bien devenir un enjeu majeur des prochains débats à l’Assemblée nationale.

La proposition de commission d’enquête parlementaire pourrait ainsi être un premier pas vers une transparence accrue et une meilleure compréhension des enjeux liés à la survie de ce géant technologique français.

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