Invité de BFM Politique, Alexis Corbière, député de la Seine-Saint-Denis et figure centrale du Nouveau Front Populaire (NFP), a dressé ce dimanche un portrait saisissant de la crise politique actuelle en France, tout en appelant à une union des forces de gauche face à ce qu’il considère comme une gestion autoritaire et socialement injuste du gouvernement Michel Barnier.
Le député a exprimé sa vive opposition au budget présenté par le gouvernement, dénonçant des coupes drastiques de 40 milliards d’euros dans les dépenses publiques, qui affecteraient directement la santé, l’éducation et les collectivités locales. Il a qualifié ce budget de « régressif » et « dangereux », rappelant que la réduction des dépenses toucherait les populations les plus vulnérables, tout en épargnant les grandes fortunes. « Depuis 2020, les milliardaires ont vu leur richesse augmenter de 59 %. Il est temps que ceux qui accumulent des richesses insolentes participent davantage », a-t-il déclaré, insistant sur l’urgence d’une réforme fiscale plus juste.
Alexis Corbière a également critiqué la stratégie du gouvernement qui, selon lui, joue un jeu dangereux avec Marine Le Pen et le Rassemblement National (RN). Il déplore une alliance tacite qui donne à l’extrême droite un rôle déterminant dans l’Assemblée nationale. Le recours systématique au 49.3 pour imposer des décisions budgétaires, sans concertation, est pour lui symptomatique d’un pouvoir exécutif qu’il juge autoritaire et déconnecté des réalités sociales. Il a également pointé du doigt les concessions faites au RN, notamment sur la question de l’aide médicale d’État, une mesure qu’il considère non seulement contraire aux principes humanitaires mais également inefficace sur le plan de la santé publique.
Face à ces défis, Alexis Corbière a plaidé pour une union des forces de gauche. Selon lui, le Nouveau Front Populaire, qui regroupe des députés socialistes, écologistes, communistes et insoumis, est la seule alternative crédible pour construire une majorité et répondre aux attentes des Français. Il a rejeté les divisions internes et a insisté sur la nécessité d’un leadership rassembleur, évoquant des figures telles que François Ruffin, Clémentine Autain ou Lucie Castex comme de possibles chefs de file. « Nous avons un programme commun, il faut le défendre ensemble. Divisés, nous n’arriverons à rien », a-t-il martelé.
Pour Corbière, si Lucie Castets est soutenue par les chefs de partis, il serait également possible de demander aux militants des partis de choisir.
Sur la question des institutions, le député a appelé à une refonte complète du système politique français. Il milite pour une transition vers une Sixième République, où le Parlement aurait un rôle renforcé et où le pouvoir exécutif serait plus transparent et représentatif. Selon lui, la Cinquième République est devenue un cadre trop rigide, favorisant une concentration excessive du pouvoir entre les mains du président de la République.
Enfin, Alexis Corbière s’est montré alarmé par la situation économique actuelle, marquée par des plans sociaux dans des grandes entreprises comme Arcelor ou Auchan. Il a dénoncé des pratiques qu’il qualifie de « licenciements boursiers », où des entreprises bénéficiaires distribuent des dividendes tout en supprimant des emplois. Pour lui, une redistribution plus équitable des richesses est non seulement une exigence sociale, mais aussi une condition essentielle pour relancer l’économie et garantir une stabilité durable.
En conclusion, le député a réaffirmé que le Nouveau Front Populaire se tient prêt à gouverner si le gouvernement Barnier venait à tomber. Il appelle Emmanuel Macron à respecter les résultats des élections législatives de juin 2024 et à confier à la gauche la responsabilité de former un gouvernement capable de répondre aux attentes sociales et économiques des Français. Pour Alexis Corbière, l’heure est à la responsabilité et à l’unité, face aux défis d’une crise politique sans précédent.
