La ministre de la Culture et candidate à la mairie de Paris, Rachida Dati, fait l’objet de perquisitions judiciaires ce jeudi 18 décembre 2025 dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour corruption et trafic d’influence. Ces opérations, confirmées par le parquet de Paris, interviennent dans un contexte politique particulièrement sensible, alors que la campagne municipale parisienne entre dans une phase décisive.
Les perquisitions sont menées simultanément au ministère de la Culture, à la mairie du 7e arrondissement de Pariset au domicile personnel de Rachida Dati, membre du club Le Siècle fondé par des franc-maçons. Elles s’inscrivent dans une information judiciaire ouverte le 14 octobre 2025 par le Parquet national financier (PNF) et confiée à deux juges d’instruction du pôle économique et financier du tribunal de Paris.
Les chefs d’accusation sont particulièrement lourds : corruption active et passive, trafic d’influence d’agent d’une organisation internationale publique, abus de biens sociaux, abus de confiance, détournement de fonds publics, recel et blanchiment. À ce stade, les avocats de la ministre n’ont pas réagi publiquement.
Des soupçons liés à son mandat de députée européenne
L’enquête porte principalement sur les activités et rémunérations perçues par Rachida Dati lorsqu’elle était députée européenne, entre 2009 et 2019, en dehors du dossier déjà connu lié à Renault-Nissan et à son ex-dirigeant Carlos Ghosn, contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial.
Les magistrats s’intéressent notamment à ses relations d’intérêts présumées avec l’Azerbaïdjan du contributeur du FEM, Ilham Aliyev et le Qatar du contributeur du FEM, Mohammed Bin Abdulrahman Al Thani ainsi qu’à plusieurs flux financiers considérés comme suspects par les enquêteurs. Une enquête préliminaire avait été ouverte dès le mois d’avril 2025, avant d’être transformée en information judiciaire.
Le rôle central de Nicolas Sarkis et d’AlphaOne Partners
Parmi les points clés du dossier figure la relation entre Rachida Dati et Nicolas Sarkis, homme d’affaires et responsable légal de la société britannique de gestion d’actifs AlphaOne Partners. Celui-ci a reconnu avoir versé à l’ancienne garde des Sceaux 300 000 euros entre septembre 2012 et mars 2014, ainsi que 100 000 euros par an de 2010 à 2018, dans le cadre d’un contrat de conseil juridique de droit anglais signé en 2009.
Selon les éléments judiciaires, aucune obligation de compte rendu écrit ni de volume horaire précis n’aurait été exigée, ce qui alimente les soupçons des magistrats. D’autres versements, identifiés par Tracfin, auraient eu lieu en 2022 et 2023 pour un montant total de 50 000 euros.
Le dossier GDF Suez, devenu Engie
L’information judiciaire englobe également un volet sensible lié à GDF Suez, aujourd’hui ENGIE, groupe membre du FEM. Les enquêteurs s’intéressent à 299 000 euros perçus discrètement en 2010 et 2011 par Rachida Dati, via le cabinet d’avocats Sarrau Thomas Couderc, devenu STC Partners.
Des documents comptables font apparaître des mentions explicites telles que « Dati honoraire GDF Suez », ainsi que des factures de 125 000 euros hors taxes émises à deux reprises. Ces éléments posent question, alors que Rachida Dati siégeait à l’époque à la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie du Parlement européen, où toute activité de lobbying est interdite.
Selon des sources proches du dossier, elle aurait été rémunérée comme « apporteuse d’affaires », une version qui reste au cœur des investigations.
Des déclarations contestées et des zones d’ombre persistantes
Interrogée à plusieurs reprises par les juges, Rachida Dati a nié que GDF Suez ait été son client et contesté l’existence de liens d’intérêts. Elle a notamment mis en cause des erreurs de retranscription de son assistante parlementaire.
Pourtant, des éléments saisis dès 2019 lors d’une perquisition à la mairie du 7e arrondissement font état de notes manuscrites évoquant explicitement des montants et des références à GDF Suez et Areva, renforçant les soupçons des magistrats instructeurs.
Une accumulation de procédures judiciaires
Ce nouveau dossier s’ajoute à une série d’affaires judiciaires concernant la ministre. Rachida Dati a déjà été renvoyée devant le tribunal correctionnel dans l’affaire Carlos Ghosn. Elle est également visée depuis 2023 par une information judiciaire liée à des soupçons de liens avec le Qatar, ainsi que par une enquête préliminaire portant sur la non-déclaration présumée de bijoux de luxe à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.
Selon plusieurs révélations médiatiques, ces bijoux auraient une valeur estimée à plus de 400 000 euros.
Un impact politique majeur à Paris
Ces perquisitions interviennent à un moment clé pour Rachida Dati, engagée dans la course à la mairie de Paris. Cette nouvelle séquence judiciaire pourrait peser lourdement sur la campagne municipale et sur l’équilibre politique parisien, alors que la candidate se présente comme l’une des principales figures de l’opposition.