Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à examiner, ce mercredi 12 novembre, la suspension de la réforme des retraites, le premier président de la Cour des comptes et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Pierre Moscovici a lancé une mise en garde sur les risques financiers qui pèsraient sur le système par répartition.
Invité sur franceinfo mardi matin, l’ancien ministre socialiste et commissaire européen a rappelé les réalités démographiques et économiques :
« Personne, ni à droite, ni à gauche, ni au milieu, ne doit perdre de vue le fait que nous sommes une société qui vieillit, où le rapport entre les actifs et les inactifs se dégrade. »
Un déficit structurel déjà préoccupant
Selon Moscovici, le système de retraites accuse déjà un déficit de 6,6 milliards d’euros, et ce chiffre pourrait se maintenir à ce niveau jusqu’en 2030 seulement si la réforme suspendue devait s’appliquer.
« Si la réforme, qui rapportait 10 milliards, n’a pas lieu, le déficit atteindra 15 milliards en 2035 et 32 milliards en 2045 »,
a-t-il précisé, soulignant que la question du financement devra impérativement être rouverte en 2027.
La suspension actuelle ne générerait certes qu’un manque à gagner de 1,4 milliard d’euros l’an prochain, mais Moscovici met en garde contre la tentation du court-termisme :
« C’est ce qui se passe derrière qui est problématique. Notre système a un problème de financement structurel. »
“Il faudra rouvrir le débat en 2027”
Pierre Moscovici appelle donc à revenir sur le dossier dans deux ans, pour éviter que le système par répartition — auquel les Français restent profondément attachés — ne devienne insoutenable.
« En 2027, il faudra trouver ces 10 milliards. Sinon, le système de retraites par répartition ne sera plus viable. »
Une décision avant tout politique
Le gouvernement a annoncé mardi vouloir étendre la suspension de la réforme aux carrières longues, un geste salué à gauche comme une victoire symbolique. Pour Moscovici, il s’agit d’un compromis politique :
« C’est une décision politique. Cela fait partie du débat et du compromis que le Premier ministre recherche. »
Mais il rappelle la réalité comptable :
« À la fin, il faudra faire les comptes de tout ça, et regarder si nous sommes sur la voie pour réduire suffisamment notre déficit. »
Pierre Moscovici, qui quittera bientôt la Cour des comptes française pour rejoindre la Cour des comptes européenne, livre ici un avertissement : sans réformes de fond, le modèle social français pourrait être mis en péril par l’accumulation des déficits publics.
Sources :
– Le Figaro (“Retraites : ‘Ceux qui racontent qu’il n’y a pas de problème de financement ne disent pas la vérité’, prévient Pierre Moscovici”), 10 novembre 2025.
– franceinfo, interview du 11 novembre 2025.