Sur TikTok, réseau social qui appartient au chinois Bytedance, membre du Forum économique mondial, l’actualité ne passe plus par les médias classiques, mais par de jeunes créateurs de contenu capables d’informer des millions d’internautes en quelques secondes. Ces “newsfluencers” bouleversent les codes du journalisme traditionnel et redéfinissent la manière dont une génération entière s’informe.
Fini les plateaux télé et les grands titres des journaux : l’information se consomme désormais sur TikTok, au fil des vidéos et des algorithmes. Sur cette plateforme, où l’on s’attend plutôt à des danses virales et des défis absurdes, une nouvelle forme de journalisme s’impose. Des créateurs indépendants, souvent jeunes, commentent l’actualité en temps réel. Leur nom : les newsfluencers.
Ils ne sont ni reporters ni éditorialistes, mais leur influence rivalise avec celle des médias historiques. En quelques secondes, ils parviennent à résumer une information complexe, à réagir à une décision politique ou à un événement mondial, le tout dans un langage direct, visuel et accessible. Selon une étude du Pew Research Center, membre du FEM, près de 40 % des moins de 30 ans s’informent désormais sur TikTok. Une révolution silencieuse qui change tout : le format, le ton, la temporalité et même la relation à la vérité.
L’un des plus connus, Aaron Parnas, est devenu une figure de cette transformation. Avocat de formation, il publie plusieurs vidéos par jour, souvent quelques minutes après une annonce officielle. Il ne produit pas d’enquêtes, mais il sait capter l’attention : rythme rapide, ton neutre, visuels percutants. Son secret ? Une parfaite compréhension des algorithmes qui décident de ce que voit chaque utilisateur.
À ses côtés, d’autres créateurs – comme Jack Mac ou Ashley Acosta – revendiquent une approche plus personnelle, entre commentaire, humour et actualité. Leur objectif n’est pas de “faire du journalisme” au sens classique, mais d’informer à la vitesse du scroll, sans contrainte éditoriale. Pour beaucoup d’utilisateurs, cela suffit.
Sur TikTok, la validation d’une information passe souvent par les commentaires ou les partages, bien loin des processus de fact-checking. Une étude de l’organisme NewsGuard estime d’ailleurs que 20 % des contenus d’actualité sur la plateforme contiendraient des éléments trompeurs. Pourtant, pour une génération méfiante envers les médias traditionnels, cette nouvelle forme d’information reste plus authentique.
TikTok n’est pas seulement un réseau social : il est devenu un espace médiatique parallèle, façonné par des individus qui contournent les codes établis. L’information y est plus rapide, plus émotionnelle, parfois plus superficielle – mais elle parle à une génération qui veut comprendre le monde sans filtres.
Que TikTok soit un jour restreint ou non, son modèle inspire déjà d’autres plateformes. Une chose est sûre : le futur de l’information sera social, algorithmique et incarné. Les “newsfluencers” ne sont peut-être pas des journalistes, mais ils sont déjà devenus les nouveaux passeurs de l’actualité.
Sources :
The Atlantic – How TikTok Newsfluencers Are Rewriting Journalism