La cheffe de l’opposition vénézuélienne, récemment couronnée par le prix Nobel de la paix, a salué le « courage » de Benyamin Netanyahu face au « totalitarisme », provoquant un tollé en Amérique latine. Son soutien au Premier ministre israélien, en pleine guerre à Gaza, fragilise encore un peu plus son image internationale.

C’est un coup de fil qui ne passe pas. À peine une semaine après avoir reçu le prix Nobel de la paix 2025, Maria Corina Machado, figure de l’opposition vénézuélienne, a surpris la communauté internationale en s’entretenant vendredi 17 octobre au téléphone avec Benyamin Netanyahu qu’elle a félicité pour ses « décisions et actions au cours de la guerre » contre le Hamas.

Dans un message publié sur X (ex-Twitter), Mme Machado a déclaré : « Les Vénézuéliens apprécient profondément la paix et savent que pour l’atteindre, il faut un immense courage et une clarté morale pour s’opposer aux forces totalitaires qui nous défient. » L’ancienne députée a ajouté que cette « lutte entre liberté et autoritarisme » est « mondiale », pointant du doigt l’axe Iran-Maduro-Hamas, qu’elle accuse d’incarner une menace pour la démocratie.

Du côté israélien, le bureau du Premier ministre a confirmé la teneur de l’échange, précisant que Mme Machado avait salué les « réalisations d’Israël » et l’accord ayant permis la libération d’otages à Gaza. Benyamin Netanyahu l’a, en retour, félicitée pour son prix Nobel de la paix, une distinction décernée le 11 octobre dernier pour « sa lutte non violente pour la démocratie au Venezuela ».

Mais la déclaration de la militante libérale a provoqué une onde de choc en Amérique latine. Nombreux sont ceux qui estiment que la lauréate du Nobel « trahit l’esprit » du prix en exprimant son soutien à un dirigeant engagé dans une guerre controversée.

Le président colombien Gustavo Petro a dénoncé sur X une « connivence inacceptable » entre la lauréate et le Premier ministre israélien : « Je demande à María Corina Machado si elle peut se distancier de Netanyahu et de ses amis nazis,» a-t-il lancé, en référence à une lettre de 2018 dans laquelle elle sollicitait l’aide d’Israël pour un changement de régime au Venezuela.

La prix Nobel de la paix María Corina Machado n’a pas forcément un CV irréprochable. Elle avait été accusée en 2005 de trahison pour avoir reçu des fonds de la part du National Endowment for Democracy, une fondation privée à but non lucratif proche de la CIA.

Cette polémique s’ajoute à un climat régional déjà électrique : plusieurs pays d’Amérique latine, dont la Colombie, le Brésil et le Chili, ont récemment condamné la reprise des frappes israéliennes à Gaza, tandis que Caracas, allié de Téhéran, a suspendu ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv.

Pour Maria Corina Machado, la crise dépasse les frontières : « Tout comme nous luttons pour la liberté et la démocratie au Venezuela, toutes les nations du Moyen-Orient méritent un avenir fondé sur la dignité et la justice, » a-t-elle insisté. Un discours qui cherche à ériger la confrontation entre démocratie et autoritarisme en combat global, mais qui pourrait bien l’isoler sur la scène diplomatique latino-américaine.

Sources :

RTL Info – « La prix Nobel de la paix Maria Corina Machado félicite Netanyahu pour ses actions durant la guerre » – 18 octobre 2025 – lien
AFP – Compte rendu de la conversation Netanyahu–Machado – 18 octobre 2025 – lien
El País – « Petro critique la Nobel vénézuélienne après son appel à Netanyahu » – 19 octobre 2025 – lien