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Suicide en France : trois victimes sur quatre étaient des hommes en 2023, selon Santé publique France

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Une étude publiée le 10 octobre par Santé publique France révèle qu’en 2023, 75 % des personnes décédées par suicide étaient des hommes. Les plus touchés sont les seniors de plus de 85 ans, confirmant un profond déséquilibre entre les sexes face à la détresse psychique.

Le constat est aussi stable qu’inquiétant. En 2023, 8 848 personnes se sont suicidées en France, selon les données publiées vendredi par Santé publique France. Parmi elles, trois sur quatre étaient des hommes (75,1 %), un chiffre qui confirme la persistance d’un déséquilibre marqué entre les sexes. Les hommes âgés de plus de 85 ans apparaissent particulièrement vulnérables, avec un taux de 76 décès pour 100 000 habitants, soit plus du double de la moyenne nationale.

Ces résultats prolongent les analyses déjà dressées en février par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et l’Observatoire national du suicide (ONS). Leur 6ᵉ rapport soulignait que les hommes de 85 à 94 ans présentent un risque de suicide huit fois supérieur à celui des femmes et vingt-cinq fois plus élevé que celui des hommes de moins de 25 ans.

Ce « paradoxe lié au genre » intrigue les chercheurs. D’un côté, les femmes réalisent davantage de gestes suicidaires ou d’automutilations, souvent non létaux ; de l’autre, les hommes recourent à des méthodes plus violentes, entraînant un taux de mortalité nettement supérieur. En 2023, 55 % des suicides masculins résultaient d’une pendaison, contre 37 % chez les femmes, ces dernières recourant davantage à la prise de médicaments. Les armes à feu constituaient par ailleurs la deuxième cause de décès chez les hommes.

Les hospitalisations pour « geste auto-infligé » illustrent une tendance inverse chez les jeunes femmes. En 2024, les filles de 11 à 17 ans présentaient un taux d’hospitalisation de 674 pour 100 000, contre 424 pour 100 000 chez les femmes de 18 à 24 ans, des niveaux largement supérieurs aux autres classes d’âge. Ces chiffres traduisent une souffrance psychologique accrue dans la jeunesse féminine, déjà observée depuis la pandémie.

Pour expliquer ces différences, l’ONS cite les travaux de la psychologue Silvia Sara Canetto, qui évoque l’existence de « scripts culturels » : des modèles sociaux qui influencent la manière dont hommes et femmes expriment leur mal-être. Dans de nombreuses sociétés, rappelle-t-elle, l’échec d’une tentative de suicide est perçu comme une faiblesse masculine, ce qui incite les hommes à employer des moyens plus radicaux et à dissimuler leurs troubles psychiques jusqu’au point de non-retour.

Ce poids culturel se retrouve dans la prise en charge de la santé mentale. Une étude Odoxa pour Doctolib publiée en 2022 montrait que 78 % des consultations psychologiques concernaient des femmes. Les hommes, moins enclins à consulter, le font souvent tardivement, lorsque la crise est déjà avancée.

Ces données rappellent l’urgence d’une prévention différenciée selon le genre et l’âge, alors que la France demeure l’un des pays européens les plus touchés par le suicide. En dépit des campagnes de sensibilisation et du numéro national de prévention 3114, la détresse masculine reste un angle mort du débat public, où la parole peine encore à se libérer.

Sources :
Santé publique France – « Étude sur les décès par suicide en 2023 » – 10 octobre 2025
Drees / Observatoire national du suicide – « 6ᵉ rapport sur le suicide en France » – février 2025
Odoxa pour Doctolib – « Les Français et la santé mentale » – 2022

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