Invité de Benjamin Duhamel hier sur France Inter, le chef du président du tribunal judiciaire de Paris, Peimane Ghaleh-Marzban, s’est insurgé contre les menaces visant la magistrate ayant présidé le procès de Nicolas Sarkozy. Condamné à cinq ans de prison ferme dans l’affaire du financement libyen, l’ancien chef de l’État a suscité un flot de critiques dont certaines ont franchi les limites de l’expression démocratique.
La condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison ferme dans l’affaire du financement libyen continue de provoquer de vives réactions. Si la liberté d’expression autorise la critique d’une décision de justice, elle ne saurait légitimer les attaques personnelles contre ceux qui la rendent. C’est le rappel qu’a tenu à formuler Peimane Ghaleh-Marzban, président du tribunal judiciaire de Paris, face à la vague de menaces qui visent aujourd’hui la magistrate ayant présidé les débats.
« Ce qui se passe dans notre pays aujourd’hui est grave, c’est une véritable dérive dans notre démocratie », a-t-il déclaré avec fermeté. Selon lui, s’en prendre à des juges constitue « une atteinte à l’État de droit » bien plus préoccupante que la décision elle-même.
« Concevez qu’une magistrate, qui a statué en collégialité à l’issue de débats dont tout le monde a salué la qualité, fasse aujourd’hui l’objet de menaces de mort. C’est inacceptable et cela devrait être un électrochoc dans notre pays. »
Peimane Ghaleh-Marzban rappelle qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. En 2023 déjà, lors du procès des assistants parlementaires du Rassemblement national, des magistrats avaient été la cible de menaces similaires. Pour lui, ce phénomène interroge le rapport qu’entretiennent certains citoyens avec la justice.
Il insiste par ailleurs sur la nécessité de pédagogie pour expliquer la décision rendue. Nicolas Sarkozy a été condamné pour des faits d’association de malfaiteurs, infraction passible de dix ans d’emprisonnement. Le tribunal a prononcé une peine de cinq ans assortie d’un mandat de dépôt, en raison de la gravité exceptionnelle des faits. « Normalement, les menottes auraient dû être passées à la barre à M. Sarkozy. Le mandat de dépôt à effet différé, c’est justement pour tenir compte de sa situation », a expliqué le magistrat.
Quant à l’exécution immédiate de la peine malgré l’appel, elle s’inscrit, selon lui, dans une pratique judiciaire courante. « Tous les jours, des personnes sont incarcérées alors qu’elles peuvent faire appel », a-t-il souligné, citant l’exemple des comparutions immédiates. Pour le président du tribunal judiciaire de Paris, le débat doit revenir à sa juste place : la critique légitime des décisions d’un côté, le respect absolu des magistrats de l’autre.
Sources :
France Inter – Nicolas Sarkozy condamné à cinq ans de prison ferme dans l’affaire du financement libyen (2025) – lien