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Jean Luc MELENCHON. Photo : @UE

La France insoumise : Son refus d’accréditer un journaliste du Monde ravive les tensions avec les médias

En écartant Olivier Pérou, journaliste au Monde et coauteur de La Meute, de son université d’été, La France insoumise franchit un pas inédit dans son rapport conflictuel à la presse. La polémique ravive les critiques sur la stratégie de Jean-Luc Mélenchon et son mouvement vis-à-vis du « parti médiatique ».

Le bras de fer entre La France insoumise (LFI) et les médias a pris une nouvelle tournure. Aux Amfis, l’université d’été du mouvement organisée près de Valence du 21 au 24 août, la direction a refusé l’accréditation à Olivier Pérou, journaliste au Monde, spécialisé dans le suivi des partis de gauche. En cause : sa participation, aux côtés de Charlotte Belaïch (Libération), à l’ouvrage La Meute, publié en mai 2025, qui décrypte l’organisation interne de LFI et décrit notamment l’autoritarisme de Jean-Luc Mélenchon.

Un tee-shirt « Rejoins la meute ! », aperçu parmi les militants, se voulait une réplique ironique. Mais l’éviction d’un journaliste d’un grand quotidien national a immédiatement suscité des réactions indignées. « Aucune formation politique n’avait franchi une telle ligne rouge », a dénoncé le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, y voyant une atteinte claire à la liberté de la presse.

Du côté de LFI, la ligne est assumée : le mouvement affirme ne pas rejeter Le Monde en tant que média, mais Olivier Pérou en tant qu’individu, accusé de « fautes déontologiques » et de « diffamation ». Une justification rejetée par les sociétés de journalistes (SDJ), qui rappellent qu’aucune plainte n’a été déposée contre les auteurs du livre.

La polémique a jeté un froid parmi les députés insoumis présents aux Amfis, habituellement ouverts aux échanges informels avec les journalistes. Plusieurs confrères, dont Thomas Lemahieu (L’Humanité), ont regretté publiquement cette décision, estimant que ces espaces devaient rester ouverts. Des voix syndicales, comme celle de Soraya Morvan-Smith (France 24, SNJ-CGT), ont qualifié la décision d’« antidémocratique » et de « grave faute politique ».

Malgré ces critiques, certaines figures de LFI, comme la députée Sarah Legrain, ont persisté : « La Meute nous réduit à une secte. Nous ne sommes pas candidats à de nouvelles falsifications. » Parmi les militants, le soutien reste majoritaire, beaucoup accusant les auteurs du livre de « mauvaise foi », bien qu’une minorité concède que l’affaire détourne l’attention des combats sociaux et électoraux à venir.

Ce n’est pas la première fois que LFI s’en prend frontalement aux médias. Jean-Luc Mélenchon a longtemps théorisé un rapport conflictuel au « parti médiatique », allant jusqu’à justifier en 2018 que « la haine des médias est juste et saine ». Les refus d’accès, insultes ou attaques personnelles ont visé tour à tour MediapartLe FigaroLe Point, ou encore l’émission Quotidien. Mais jusqu’ici, l’exclusion ciblée d’un journaliste restait l’apanage de l’extrême droite.

Cette décision pourrait donc marquer un tournant. Plusieurs observateurs estiment que LFI s’installe dans une dérive périlleuse : en triant les journalistes jugés « fréquentables », elle crée un précédent qui risque d’entacher son image démocratique. Vendredi soir, Jean-Luc Mélenchon a préféré ironiser devant les soixante-dix journalistes accrédités, assurant que leurs critiques, loin de nuire à son mouvement, pouvaient parfois lui être bénéfiques.

Sources :
Médiapart – Refus d’accréditer un journaliste : La France insoumise s’enlise dans son hostilité à l’égard des médias(22 août 2025) – lien

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