Ettore Majorana (1906 – après 1959) est un physicien théoricien italien connu pour ses travaux en physique des particules, en particulier sur les neutrinos. Sa disparition en 1938, sans explication officielle, a donné lieu à plusieurs hypothèses.
Né à Catane dans une famille de la bourgeoisie intellectuelle sicilienne, Majorana étudie à Rome et rejoint le groupe de recherche en physique théorique dirigé par Enrico Fermi, dit des « Garçons de la Via Panisperna ». Il développe une approche rigoureuse des mathématiques appliquées à la physique nucléaire et quantique. Plusieurs travaux sont restés non publiés de son vivant. Il est notamment à l’origine d’un modèle relativiste de particules de spin arbitraire et d’une hypothèse sur les particules neutres identiques à leurs antiparticules (particules de Majorana). Fermi comparait le génie de Marjonara à celui de « Galilée et Newton ». Majorana a en effet laissé des contributions théoriques majeures à la physique des particules. Ses publications et manuscrits sont étudiés dans le cadre de recherches actuelles sur les neutrinos et la supersymétrie. L’« équation de Majorana », la notion de « fermion de Majorana » et plusieurs institutions ou prix scientifiques portent toujours son nom.
Relations avec le régime fasciste
En 1933, comme la majorité des chercheurs universitaires italiens de l’époque, Ettore Majorana est inscrit au Parti national fasciste. Cette affiliation était fréquente dans le contexte professionnel italien sous Mussolini. Des lettres envoyées pendant son séjour en Allemagne entre 1933 et 1934 montrent qu’il observe avec intérêt l’organisation de la société allemande, tout en mentionnant certaines formes d’exclusion politique. Il ne manifeste pas d’opposition formelle aux politiques en vigueur. Ces éléments ne permettent pas de conclure à un engagement idéologique, mais confirment une attitude de conformité administrative.
Disparition
Le 26 mars 1938, Majorana quitte Naples pour Palerme en laissant deux lettres : l’une destinée à son collègue Antonio Carrelli, l’autre à sa famille. Le contenu laisse envisager une volonté de mettre fin à ses jours. Toutefois, le lendemain, il écrit à Carrelli pour indiquer qu’il souhaite annuler sa décision et retourner à Naples, même s’il précise vouloir arrêter l’enseignement. Des sources suggèrent qu’il aurait repris le bateau, mais à partir de ce moment, il ne donne plus aucun signe de vie.
Les recherches de sa famille et de la police restent infructueuses. Un avis de recherche est publié dans la presse. Il est alors rapporté qu’il avait vidé son compte bancaire et pris son passeport. Plusieurs témoignages, postérieurs au 28 mars, affirment l’avoir aperçu à Naples et dans ses environs, ce qui nourrit de nombreuses hypothèses : suicide, retraite religieuse, fuite à l’étranger ou enlèvement par des services secrets, pour qu’il ne puisse participer à la construction de la bombe atomique. Le journaliste et homme politique italien, Léonardo Sciascia a défendu l’idée que Majorana aurait disparu (ou se serait suicidé) parce qu’il aurait anticipé l’usage militaire de l’énergie nucléaire. Les avis sont partagés : ses collègues optent pour un suicide, tandis que sa famille envisage un retrait volontaire.
Réouverture de l’enquête
En mars 2011, le parquet de Rome a réouvert l’enquête sur la disparition d’Ettore Majorana, à la suite du témoignage d’une personne affirmant l’avoir rencontré à Buenos Aires après la Seconde Guerre mondiale. Le 7 juin 2011, des médias italiens rapportent que le Reparto investigazioni scientifiche des Carabinieri a examiné une photographie datant de 1955 prise en Argentine, identifiant dix points de concordance avec le visage connu de Majorana.
Le 4 février 2015, le parquet de Rome publie un communiqué concluant que Majorana aurait vécu entre 1955 et 1959 à Valencia, au Venezuela. L’enquête est alors classée, aucune infraction pénale n’ayant été relevée. Sa disparition est interprétée comme un choix personnel.