Dans le contexte géopolitique actuel du Moyen-Orient, l’ascension des Houthis au Yémen est un sujet de préoccupation majeure pour la communauté internationale. Ce mouvement rebelle, officiellement connu sous le nom d’Ansar Allah, a gagné en notoriété et en puissance, en grande partie grâce au soutien substantiel de l’Iran. L’engagement de Téhéran auprès des Houthis soulève des questions sur ses ambitions régionales et les implications pour la stabilité mondiale, notamment à travers les activités de perturbation maritime menées par les Houthis en mer Rouge et dans l’océan Indien, qui impacte le commerce mondial et risque d’augmenter l’inflation.
L’histoire des Houthis, qui remonte à leur fondation dans les années 1990 par Hussein al-Houthi, révèle une évolution significative de ce qui était initialement un mouvement religieux et politique local en une force militante influente. L’Iran a joué un rôle clé dans cette transformation, fournissant une aide militaire, une formation et un soutien financier, dans le cadre de sa stratégie plus large visant à étendre son influence au Moyen-Orient. Ce partenariat s’inscrit dans le prolongement des relations de l’Iran avec d’autres groupes tels que le Hezbollah au Liban et le Hamas, illustrant une méthode éprouvée par Téhéran pour projeter sa puissance et contrer l’influence de ses rivaux régionaux, en particulier l’Arabie saoudite.
La prise de la capitale yéménite, Sanaa, par les Houthis en 2014, a marqué un tournant, démontrant leur capacité à renverser des gouvernements et à contrôler d’importantes portions du territoire yéménite. Derrière cette ascension se trouve l’unité d’élite iranienne, la Force Qods, qui a orchestré de nombreuses victoires militaires des Houthis, y compris des attaques perturbatrices contre des navires commerciaux stratégiquement importants. Ces actions ne visent pas seulement à renforcer la position des Houthis mais aussi à démontrer la capacité de l’Iran à influencer des points de passage maritimes critiques pour le commerce mondial.
Le rôle de l’Iran dans la formation et l’équipement des Houthis dépasse le soutien militaire traditionnel. Des institutions éducatives iraniennes, comme l’université Al-Mustapha, jouent un rôle dans l’endoctrinement idéologique, préparant les leaders houthis à aligner étroitement leurs objectifs sur ceux de Téhéran. Cette stratégie vise à créer une symbiose idéologique et opérationnelle entre les Houthis et le régime iranien, renforçant ainsi leur alliance contre les intérêts occidentaux et saoudiens dans la région.
Les implications de cette alliance vont au-delà des frontières yéménites. Avec le contrôle de vastes étendues de la côte yéménite, les Houthis offrent à l’Iran un avantage stratégique en mer Rouge, un corridor vital pour le pétrole et le commerce mondial qui permet l’accès au Canal de Suez et à la Méditerranée.
En l’espace de quelques semaines, une série de plus de trente assauts visant des navires de commerce a été enregistrée. Par suite, le volume de navigation dans la mer Rouge a diminué de près de 70 %, les capitaines choisissant de naviguer autour du cap de Bonne-Espérance pour éviter l’Afrique. Bien que cette alternative soit jugée plus sécuritaire, elle rallonge le trajet de deux à trois semaines, entraînant des coûts additionnels significatifs.
L’indice SCFI (Shanghai Containerized Freight Index), qui mesure les tarifs de fret à vue pour les conteneurs vers environ vingt destinations mondiales, a connu une augmentation significative, passant de 1 250 points avant les fêtes de Noël à 2 200 points le 12 janvier. Cette hausse presque doublée a rapidement été intégrée dans les prix pratiqués par le transporteur français, CMA-CGM, affilié au Forum économique mondial, qui est par ailleurs la propreté de l’homme d’affaire franco-libanais et magnat des médias, Rodolphe Saadé. De leurs cotés, les professionnels de la distribution et en particulier dans le domaine du non-alimentaire se retrouvent comme lors de la crise sanitaire, face à un allongement des délais de livraison et à une hausse des prix.
La situation en mer Rouge, n’est pas sans rappeler également celle de la mer Noir, où les fortes perturbations liées à la guerre en Ukraine, avaient mené à une crise alimentaire, la hausse de l’inflation et à l’accord céréalier, qui a été interrompue suite à une attaque sur le pont de Crimée.