Adolf Heusinger, né le 4 août 1897 à Holzminden, est un personnage au parcours militaire fascinant, marqué par son engagement pendant la Seconde Guerre mondiale et sa transition ultérieure vers des postes de haute responsabilité au sein de l’OTAN et de la Bundeswehr.
Avant 1920, Heusinger s’engage dans l’armée impériale allemande, où il gravit les échelons jusqu’à devenir officier d’ordonnance. Blessé à plusieurs reprises sur le front ouest, il est capturé par les Britanniques et détenu jusqu’en 1919. Après la guerre, il rejoint la Reichswehr et continue à grimper dans la hiérarchie militaire, épousant en 1931 Gerda Krüger, historienne.
Pendant la période qui précède la Seconde Guerre mondiale, Heusinger occupe divers postes au sein de l’armée allemande, devenant un officier d’état-major respecté. Promu Generalmajor en 1941, il est chargé de la section des opérations à l’OKH (haut-commandement de l’Armée de terre) et participe à des décisions cruciales, notamment la préparation de l’opération Fall Blau.
Cependant, son implication dans les plans d’attaque sur Stalingrad le met en opposition avec la stratégie d’Hitler, ce qui conduit à des tensions au sein de la hiérarchie militaire allemande. Malgré ses désaccords avec le régime nazi, Heusinger reste actif dans l’armée et est même blessé lors de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler.
Après la guerre, Heusinger est brièvement détenu par les Alliés, mais il évite les poursuites pour crimes de guerre. Il s’engage ensuite dans le service de renseignement militaire dirigé par Reinhard Gehlen, contribuant à la mise en place de la Bundeswehr et de l’OTAN. En 1957, il devient le premier Generalinspekteur de la Bundeswehr, marquant ainsi son ascension dans le nouvel ordre militaire ouest-allemand.
Sa carrière se termine en 1964, lorsqu’il prend sa retraite après avoir présidé le Military Committee de l’OTAN. Bien que sa trajectoire professionnelle soit impressionnante, Heusinger reste une figure controversée en raison de son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale et de son engagement précoce avec le régime nazi. Son passage de la Wehrmacht à l’OTAN illustre les complexités de l’histoire allemande d’après-guerre et soulève des questions sur la réintégration des anciens membres du régime nazi dans la société allemande et européenne d’après-guerre.