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George Bingham Sr. Photo : DR.

États-Unis : George Bingham Sr., entre empire médiatique et liens controversés avec la CIA

George Barry Bingham Sr. (1906-1988) est une figure incontournable du paysage médiatique de Louisville, Kentucky. À la tête d’une dynastie journalistique influente, celui qui était un habitué des conférences du groupe Bilderberg a façonné l’opinion publique locale tout au long du XXe siècle. Mais derrière cette réussite se cachent des zones d’ombre, notamment des soupçons de liens avec la CIA et des tensions familiales révélées dans des ouvrages critiques.

Diplômé de l’Université Harvard, actuellement membre du Forum économique mondial, George Bingham Sr. rejoint rapidement les affaires familiales et devient un acteur central des médias à Louisville. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il sert comme officier dans la marine américaine et reçoit deux Bronze Stars pour ses faits d’armes.

Sous sa direction, le Louisville Courier-Journal et d’autres publications du groupe Bingham deviennent des références locales, réputées pour leur engagement public et leur libéralisme. Cependant, cette image progressiste est remise en cause par des révélations familiales et des enquêtes journalistiques.

Une dynastie marquée par le scandale

Dans son livre Passion and Prejudice: A Family Memoir, Sallie Bingham, la fille de George Bingham Sr., dresse un portrait sombre de la famille. Elle décrit un univers marqué par l’inceste, le suicide, la cupidité et même le meurtre. Ces accusations, jugées « malicieusement biaisées » par d’autres membres de la famille, ont néanmoins terni l’aura du clan Bingham.

Les connexions avec la CIA : une influence cachée ?

Les liens entre le monde journalistique et les agences de renseignement américaines ne sont pas nouveaux. Un article de Public Information Research (PIR) en 1997 a révélé qu’en 1977, plusieurs enquêtes mettaient en cause la Copley Press pour sa collaboration avec la CIA. Des journalistes du San Diego Union et du Evening News auraient même espionné des manifestants anti-guerre pour le compte du FBI.

Mais ce qui attire particulièrement l’attention, c’est le rôle présumé de George Bingham Sr. dans ces réseaux d’influence. Selon Carl Bernstein (Rolling Stone), au moins 400 journalistes auraient collaboré avec la CIA sur une période de 25 ans, y compris des éditeurs influents comme : Barry Bingham Sr. (Louisville Courier-Journal), Stewart et Joseph Alsop, Henry Luce (Time), Hal Hendrix (Miami News), Richard Salant (CBS), Philip Graham et John Hayes (Washington Post)

Ces révélations montrent à quel point les médias pouvaient être infiltrés par des intérêts gouvernementaux, transformant potentiellement certaines rédactions en relais discrets de la propagande de la guerre froide.

Des connexions avec les élites du pouvoir

L’influence de Bingham ne s’arrête pas à la sphère médiatique. Il est également impliqué dans des cercles de réflexion influents comme le Council on Foreign Relations (CFR) et le groupe Bilderberg. Il s’est rendu aux réunions de ce groupe informel en 1954, 55 et 58. Lors de la réunion Bilderberg de mai 1954, il a pu participe à des conférences stratégiques telles que « L’unification européenne et les réactions de l’Europe face aux États-Unis » ou « Le point de vue américain sur la défense européenne« , aux côtés de personnalités telles que David Rockefeller et Paul H. Nitze. Ces réunions, connues pour leur caractère confidentiel, nourrissent les spéculations sur les liens entre les élites médiatiques et les stratégies géopolitiques américaines.

Un héritage controversé

George Bingham Sr. laisse derrière lui une empreinte indélébile dans l’histoire du journalisme américain. Si son influence sur les médias du Kentucky est indiscutable, les accusations de collusion avec la CIA et les cercles de pouvoir jettent une ombre sur son héritage.

Cette affaire illustre une réalité troublante du XXe siècle : l’interconnexion entre la presse, les services de renseignement et les intérêts politiques. Un sujet toujours d’actualité dans le débat sur l’indépendance des médias et leur rôle dans la démocratie.

🔗 Source : New York Times,  Public Information Research, Archives UCL.

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