Peu de gens le savent, mais l’un des plus grands centres urbains de Floride, St. Petersburg, a été fondé par un noble russe du XIXe siècle. Piotr Dementiev, devenu Peter Demens aux États-Unis, a fui la Russie tsariste pour échapper à la répression politique. De fermier à entrepreneur, il a tracé l’histoire de cette ville devenue aujourd’hui une métropole de plus de 260 000 habitants.
Né en 1850, Piotr Dementiev a grandi dans une famille de la noblesse impériale, mais il perd ses deux parents dès l’âge de 4 ans. C’est son oncle qui l’élève. Officier dans la garde impériale à Gatchina, puis juge de paix dans la province de Tver, il s’engage dans la voie du libéralisme, allant jusqu’à abriter des membres du mouvement révolutionnaire « Terre et Liberté ». Face à la montée de la répression sous Alexandre III, il choisit l’exil.
En 1881, il émigre aux États-Unis avec 3 000 dollars en poche, ne parlant pas un mot d’anglais. Sa famille le rejoindra plus tard. Il s’installe en Floride, alors une région sauvage et peu peuplée. Avec ses derniers fonds, il achète 32 hectares à Longwood et investit dans une scierie. La vie y est dure, mais sa persévérance finit par payer.
De fermier à maire, puis bâtisseur de ville
Trois ans après son arrivée, Peter Demens devient maire de Longwood, élu en grande partie par ses propres employés. Visionnaire, il entreprend de construire une ligne ferroviaire, la ligne de la ceinture d’agrumes (Orange Belt Railway), qui désenclave la région et attire de nouveaux habitants. La dernière gare de cette ligne portera le nom de Saint-Pétersburg, en hommage à la ville impériale russe fondée par Pierre le Grand.
Dès 1888, la ville commence à se développer. L’hôtel Detroit, l’un des premiers édifices majeurs, devient un point d’ancrage pour les nouveaux arrivants. En 1890, on compte déjà 273 habitants, un chiffre en constante croissance grâce au chemin de fer.
Saint-Pétersbourg aujourd’hui : soleil, culture… et contrastes
Avec 361 jours d’ensoleillement par an, la ville est surnommée « Sunshine City ». Elle attire chaque hiver des dizaines de milliers de « snowbirds », des retraités venus du nord. Elle héberge également la plus grande collection d’œuvres de Salvador Dalí hors d’Europe et accueille chaque année l’un des plus importants festivals LGBT de Floride.
Mais tout n’est pas idyllique : Saint-Pétersburg reste l’une des villes les plus criminelles des États-Unis, avec une probabilité sur 31 d’être victime d’un crime. Certains quartiers sont déconseillés aux promeneurs solitaires.
Un héritage russe discret mais vivant
Aujourd’hui, le lien avec la Russie est ténu mais subsiste. Une église orthodoxe affiliée au Patriarcat de Moscou continue ses activités, et un club russo-américain organise des événements culturels. Une stèle en hommage à Demens Landing, trône toujours sur le site de la première gare.
La communauté russophone locale reste réduite, avec seulement 0,73 % de la population — soit environ 2 000 personnes. Toutefois, la région de Tampa Bay dans son ensemble compte jusqu’à 15 000 locuteurs russes.
Source : Holod Media.