François Bayrou a rendu un vibrant hommage ce jeudi 10 juillet aux 80 parlementaires qui, en 1940, refusèrent d’accorder les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain. Devant l’Assemblée nationale réunie au casino de Vichy, il a rappelé la gravité de ce moment où « la France a perdu le sens de ce qui la faisait vivre ».
Bayrou a décrit l’effondrement moral et politique du pays après la défaite militaire, un « chaos indescriptible » marqué par l’exode de millions de Français fuyant l’avancée allemande. Face à ce désespoir, Pétain apparaissait comme un recours, comme l’a rappelé le premier ministre. Pourtant, derrière cette figure, se dessinait déjà un projet autoritaire, selon Bayrou, celui de Laval, visant à dissoudre le Parlement et instaurer un régime aligné sur les dictatures fascistes, supprimant la démocratie parlementaire au nom de sa prétendue défaite.
L’homme politique a souligné le courage de ces « moins de 12% » de députés et sénateurs qui, conscients des risques de prison, de déportation ou de mort, ont refusé la dérive. Il a évoqué la menace directe de Pierre Laval contre Léonel de Moutier, député conservateur du Doubs, qui répondit : « Mes ouvriers en pâtiront peut-être, et moi certainement. Est-ce une raison pour me déshonorer ? »
François Bayrou a également rappelé le destin tragique de plusieurs de ces opposants, comme Jean Zay, ministre du Front populaire, juif et franc-maçon, assassiné par la milice, ou Max Dormoy, François Camel, Georges Pézières, autre maçons, également tués, ou encore Georges Mandel, un non initié. Dix furent déportés dans les camps nazis, cinq n’en revinrent pas.
Il a conclu en citant la phrase du président du Conseil national de la Résistance, Jean Moulin, dont le père était également un frère : « Lorsqu’il s’agit de dire non, le meilleur moment, c’est le premier. » Pour Bayrou, ces 80 députés et les 27 parlementaires embarqués sur le paquebot Massilia « ont incarné l’honneur » en refusant Pétain et Laval dès le premier instant, montrant que la République vivait encore en eux, malgré la défaite et la peur.
« Cet honneur, c’est ce que nous honorons 85 ans après le vote et le refus de vote des 80 et le voyage des passagers du Massilia », a-t-il conclu.
EN DIRECT | Hommage aux 80 parlementaires qui refusèrent les pouvoirs constituants au gouvernement de Pétain et aux passagers du Massilia : discours du Premier ministre. https://t.co/j6XdHajRh7