Le président vénézuélien Nicolas Maduro a prêté serment pour un troisième mandat de six ans ce vendredi 10 janvier 2025, au cours d’une cérémonie controversée qui a suscité de vives critiques de l’opposition et de la communauté internationale. Cette investiture, marquée par des tensions politiques, met en lumière les divisions profondes au sein du pays.

« Je jure que ce nouveau mandat présidentiel sera celui de la paix, de la prospérité, de l’égalité et de la nouvelle démocratie », a déclaré Maduro. La cérémonie a eu lieu au Palais de l’Assemblée nationale à Caracas, entouré de figures du régime et de quelques alliés internationaux, tels que les présidents cubain Miguel Diaz-Canel et nicaraguayen Daniel Ortega. Cependant, cette investiture est perçue comme illégitime par une grande partie de la communauté internationale, notamment par les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni.

Malgré une haie de soldats et des centaines de partisans défilant dans les rues, l’opposition a dénoncé un « coup d’État » et revendiqué la victoire d’Edmundo Gonzalez Urrutia, qui prétend être le président légitimement élu. Le parquet vénézuélien, sous contrôle de Maduro, a rejeté ces accusations.

Des réactions internationales tranchées

La cérémonie d’investiture a été fermement condamnée par les États-Unis, qui ont qualifié l’événement de « simulacre » et renforcé les sanctions contre Caracas, portant la récompense pour toute information conduisant à l’arrestation de Nicolas Maduro à 25 millions de dollars. De même, l’Union européenne a réitéré son appel à la libération des opposants politiques détenus.

À l’inverse, la Russie a félicité Maduro pour son troisième mandat, réaffirmant son soutien à son allié stratégique en Amérique latine. Le président russe Vladimir Poutine a adressé ses félicitations via un communiqué transmis par la Douma.

Lula et Macron appellent au dialogue

Dans un rare accord diplomatique, les présidents brésilien Lula da Silva et français Emmanuel Macron, tous deux contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, ont conjointement appelé Nicolas Maduro à reprendre le dialogue avec l’opposition. Dans une déclaration commune, ils se sont engagés à faciliter ce dialogue, soulignant la nécessité de rétablir la démocratie et la stabilité au Venezuela. Ils ont également exigé la libération immédiate des prisonniers politiques, un point de friction récurrent avec le régime de Maduro.

Un mandat contesté et des défis majeurs

Depuis son accession au pouvoir en 2013, Nicolas Maduro gouverne d’une main de fer, succédant à Hugo Chavez. Ce nouveau mandat s’annonce difficile, face à une économie en crise et une opposition de plus en plus déterminée, qui semble quant à elle dans le giron américain. Durant la campagne, Edmundo avait pris la succession de Maria Corino Machado, déclaré inéligible par le pouvoir. En 2005, elle avait été accusée avec d’autres représentants de l’association Súmate, un mouvement associatif civil vénézuélien de trahison pour avoir reçu des fonds de la part du National Endowment for Democracy.

L’ombre d’Edmundo Gonzalez Urrutia

Alors que l’ombre d’Edmundo Gonzales Urrutia planait sur cette journée d’investiture, l’opposant à Maduro exilé en Esagne ayant promis d’être présent au Vénézuela, Maria Corina Machado, a annoncé ce vendredi qu’un retour immédiat d’Edmundo Gonzalez Urrutia au Venezuela n’était pas envisagé. « M. Gonzalez Urrutia reviendra au Venezuela pour prêter serment en tant que président constitutionnel au moment opportun, lorsque les conditions le permettront. Ce n’est pas le bon moment pour Edmundo de rentrer au Venezuela », a déclaré Mme Machado dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Edmundo Gonzales Urrutia avait suscité l’espoir chez ses partisans en effectuant une tournée internationale qui l’a conduit en Argentine, en Uruguay, aux États-Unis, au Panama et en République dominicaine avant l’investiture de Maduro.

Durant la cérémonie d’investiture, Maduro a d’ailleurs ironisé sur cette situation. Réagissant à un bruit qui a perturbé la cérémonie, le président déclaré : « Quelqu’un est tombé? Edmundo est arrivé? », avant de poursuivre « Comme j’attends son arrivée, je suis un peu nerveux ».

Source : RFI, Corse-matin