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Emmanuel Macron aux côtés de Paul Hudson, directeur général de Sanofi, lors de l'inauguration de l'usine de Neuville-sur-Saône, le 10 septembre 2024. Image : Capture d'écran.

Vaccin Efluelda de Sanofi : le Canard enchaîné accuse la HAS d’avoir truqué un rapport pour plaire à l’Élysée

Selon les révélations explosives du Canard enchaîné, la Haute Autorité de Santé aurait manipulé un rapport d’évaluation pour favoriser le vaccin antigrippal haute dose de Sanofi, bien plus cher que ses concurrents. Une manœuvre qui, d’après l’hebdomadaire, aurait permis son remboursement intégral, dans un contexte de connivences supposées entre le laboratoire pharmaceutique et le pouvoir exécutif.

C’est une accusation d’une rare gravité qui secoue les coulisses du monde médico-politique. Dans un article publié le 14 octobre dernier, Le Canard enchaîné affirme que la Haute Autorité de Santé (HAS) aurait « truqué » un rapport sur l’efficacité du vaccin antigrippal haute dose développé par Sanofi. Objectif supposé : satisfaire l’Élysée et garantir à ce produit une place de choix dans la stratégie vaccinale nationale, assortie d’un remboursement à 100 %.

Selon l’enquête du journal satirique, tout aurait commencé en 2020, lorsque la HAS évaluait le vaccin quadrivalent haute dose de Sanofi, présenté comme une avancée majeure pour les personnes âgées. À l’époque, les experts de l’autorité jugeaient pourtant que le produit « n’apporte aucun progrès » par rapport aux autres vaccins antigrippaux disponibles. Son efficacité serait comparable, malgré une concentration en antigènes quatre fois supérieure et un prix plus que doublé : 23,97 € la dose contre environ 10 € pour les autres vaccins de la même catégorie.

Mais entre les premières conclusions scientifiques et la version finale du rapport, quelque chose aurait changé. D’après Le Canard, des passages jugés trop critiques auraient été supprimés ou réécrits afin de présenter le vaccin sous un jour plus favorable. Ces modifications auraient été opérées dans un climat de pression politique, l’Élysée voyant d’un bon œil la valorisation d’un fleuron industriel français au cœur d’une campagne de santé publique.

Derrière cette affaire se dessine, selon le journal, une toile d’influences mêlant Sanofi, la sphère du pouvoir et d’anciens proches du président. À la tête du conseil d’administration de Sanofi siège Frédéric Oudéa, ancien dirigeant de la Société Générale et personnalité réputée proche du cercle macroniste. Avant lui, Serge Weinberg, figure influente du capitalisme français, avait joué un rôle décisif dans la carrière d’Emmanuel Macron en le recrutant chez Rothschild. Ces liens anciens, mis bout à bout, donneraient à l’affaire un parfum de favoritisme d’État.

Toujours selon Le Canard enchaîné, les experts internes de la HAS auraient exprimé leur malaise face à la réécriture du rapport, craignant une atteinte à l’indépendance scientifique de l’institution. Si les documents originaux n’ont pas été publiés, l’hebdomadaire affirme s’appuyer sur des témoignages internes et des éléments de correspondance entre les services de la HAS et les autorités de tutelle.

Pour l’heure, ni la Haute Autorité de Santé ni Sanofi n’ont officiellement réagi aux révélations du Canard. Le gouvernement, de son côté, n’a pas commenté ces accusations, pourtant susceptibles d’entamer la crédibilité du système d’évaluation publique du médicament. En attendant d’éventuelles suites judiciaires ou parlementaires, cette affaire s’ajoute à la longue liste des polémiques autour de la proximité entre grands laboratoires et institutions publiques.

Un dossier que Le Canard enchaîné promet de poursuivre, laissant planer la menace d’un scandale d’État aux ramifications sanitaires, politiques et industrielles.

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