Washington renforce massivement sa présence militaire en Amérique latine. Le Pentagone a annoncé le déploiement du porte-avions nucléaire USS Gerald R. Ford, fleuron de la marine américaine, officiellement pour lutter contre les réseaux de narcotrafiquants. Une opération qui inquiète Caracas et ravive les tensions régionales.
C’est un symbole de puissance militaire qui prend la mer direction les Caraïbes. Le Pentagone a confirmé le déploiement du porte-avions USS Gerald R. Ford, accompagné de sa flotte, pour renforcer les opérations américaines contre le narcotrafic en Amérique centrale et du Sud. Ce mouvement spectaculaire intervient alors que les États-Unis ont déjà mené, depuis septembre, dix frappes aériennes contre des embarcations présentées comme celles de trafiquants de drogue, faisant au moins 43 morts selon un décompte de l’AFP.
Le Ford, joyau de l’US Navy, représente la montée en puissance des moyens militaires américains dans la région. “L’objectif est de renforcer la capacité des États-Unis à détecter, surveiller et stopper les activités illicites”, a indiqué le Pentagone sur X (ex-Twitter). Officiellement, la mission vise à “démanteler les organisations criminelles transnationales”. Dans les faits, elle suscite de fortes critiques, notamment du président vénézuélien Nicolas Maduro, qui dénonce “une tentative d’inventer une nouvelle guerre dans les Caraïbes”.
Un mastodonte des mers
Baptisé en hommage à l’ancien président américain Gerald R. Ford (1974-1977), ce porte-avions est le plus grand navire de guerre jamais construit. Avec ses 337 mètres de long, ses 78 mètres de large et un déplacement de 100 000 tonnes, il peut accueillir 4 500 marins et plus de 75 aéronefs. Propulsé par un réacteur nucléaire de dernière génération, il est doté de technologies inédites, dont un système de catapultes électromagnétiques permettant le décollage d’un avion en moins de dix secondes.
Mis en service en 2017, le Gerald Ford n’a effectué son premier déploiement opérationnel qu’en 2022, après plusieurs années de tests et de perfectionnement. Son coût, estimé à 14 milliards de dollars, en fait le navire militaire le plus cher jamais construit. Il embarque notamment des chasseurs F/A-18 Super Hornet, des avions de surveillance et de guerre électronique, ainsi que des hélicoptères polyvalents. Contrairement à d’autres bâtiments récents, il ne transporte pas de F-35C, le chasseur furtif de la Navy.
Une mission aux frontières du politique
L’envoi du Gerald Ford intervient dans un climat diplomatique tendu. Le président américain Donald Trump, engagé dans son second mandat, a affirmé qu’il n’avait “pas besoin de l’accord du Congrès” pour autoriser des opérations contre les pays “impliqués dans le narcotrafic”, notamment le Venezuela et la Colombie. Caracas accuse Washington de préparer une “agression militaire”, assurant disposer de 5 000 missiles antiaériens portables de fabrication russepour riposter à toute incursion.
Ce déploiement rappelle aussi la capacité d’intervention globale du Ford, déjà mobilisé en 2023 en Méditerranée après les attaques du Hamas contre Israël. L’année suivante, il avait fait escale à Marseille avant de recevoir l’ordre de rejoindre la zone de conflit, illustrant la flexibilité stratégique de ce géant des mers, même s’il vient de partir de la Croatie pour rallier la mer des Caraïbes.
Sources :
CNN – “USS Gerald R. Ford: inside the US Navy’s largest aircraft carrier” – octobre 2025