L’élection présidentielle américaine de 2024, remportée sans grande difficulté par le républicain Donald Trump, a été marquée par une campagne coûteuse, soutenue par des entreprises rattachées au Forum de Davos.
D’un côté, Kamala Harris, figure démocrate, bénéficie d’un soutien massif des géants de la technologie. Le poids de ces entreprises n’est pas qu’une question de chiffres. Google a donné plus de 1,4 million de dollars de dons, ou Microsoft, qui a versé près de 750 000 dollars, font figure de symboles d’une économie axée sur l’innovation numérique et les nouvelles technologies, grand enjeu du Forum Économique Mondial. Ces soutiens ne sont pas anodins : ils renforcent le profil de Harris comme une alliée de la transformation numérique, une direction réaffirmée chaque année par des acteurs comme Google et Microsoft lors du Forum Économique Mondial, où les débats s’articulent souvent autour de l’impact de l’IA et de la cybersécurité.
De leurs côtés, Apple, Microsoft, Oracle et Netflix, qui ont tous contribué généreusement à la campagne des Démocrates, sont également affiliés au Forum Économique Mondial. Ces entreprises, toutes solidement implantées dans la Silicon Valley, ont vu dans le programme de Kamala Harris la continuité d’une Amérique connectée au monde et soucieuse des grandes transitions environnementales et numériques. Elles trouvent en elle une représentante pour leurs préoccupations, de la réduction des émissions de carbone à la préservation de la vie privée numérique, autant de questions abordées lors des grandes assemblées de Davos. Harris incarne ainsi le mondialisme, et souhaite une nation connectée, globalisée, qui poursuit l’ouverture et l’innovation, avant de perdre le scrutin face à Donald Trump, qui est un candidat protectionniste.
Donald Trump, à l’inverse, a reçu un soutien d’une nature bien différente, révélateur d’une vision plus traditionnelle de l’économie américaine. Ses principaux contributeurs, parmi lesquels figurent Walmart et Boeing, appartiennent aux secteurs de l’aviation, de la distribution et de l’industrie de la défense. Ces secteurs sont profondément enracinés dans l’économie nationale et porteurs d’une idéologie de stabilité, d’emploi local, et d’ancrage territorial. Si ces entreprises participent également aux réunions du Forum Économique Mondial, leurs préoccupations semblent parfois en tension avec celles de la Silicon Valley. En effet, pour ces grands noms du transport et de la défense, les enjeux majeurs résident dans la croissance d’un marché domestique et dans le soutien à l’industrie traditionnelle plutôt que dans la recherche de l’innovation constante. Cependant, ils restent affiliés au Forum Économique Mondial, et restent des entreprises multinationales.
Les entreprises telles que Lockheed Martin, Raytheon ou encore FedEx, également présentes dans la liste des principaux donateurs de Trump, rappellent le visage d’une Amérique industrielle et militaire, soucieuse de son indépendance et de sa sécurité. Les soutiens sont donc révélateurs qu’il existe un intérêt profond pour ces entreprises de choisir un camp.
À noter que Johnson and Johnson, entreprise pharmaceutique affiliée au Forum Économique Mondial et mise en avant lors de la crise du Covid-19 où elle a conçu des vaccins, a soutenu Donald Trump à hauteur de 60 000 dollars et aussi Kamala Harris, avec environ 240 000 dollars.
Gates et Musk s’en mêlent
Il est également important de rappeler que ces chiffres datent de septembre, mois durant lequel les soutiens se sont positionnés. Depuis, d’autres montants ont été versés aux deux partis américains pour mener à bien la campagne. En effet, fin octobre, Bill Gates, fondateur de Microsoft et contributeur à l’agenda 2030 du Forum Économique Mondial, qui était déjà un soutien à Kamala Harris, a donné 50 millions de dollars supplémentaires. Bill Gates a tout de même félicité Donald Trump pour sa victoire et a même proposé de travailler côte à côte.
De son côté, Elon Musk, directeur général de Tesla et de X, a donné 75 millions de dollars à Donald Trump quelques semaines avant le scrutin. Des dernières sommes très importantes pour venir couvrir les nombreux meetings, campagnes de communications et au bon fonctionnement
Ce contraste ne se limite donc pas aux chiffres de donation. Il montre deux visions qui se croisent et parfois s’affrontent au sein des entreprises membres du Forum Économique Mondial : une vision d’ouverture, de transformation et de connexion mondiale d’un côté avec les Démocrates, et une vision de protection, de stabilité, d’ancrage et même de liberté d’expression de l’autre avec les Républicains.
