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Union européenne : Une nouvelle feuille de route pour concurrencer les USA et la Chine

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La Commission européenne a présenté le 29 janvier dernier sa nouvelle « boussole pour la compétitivité », une feuille de route ambitieuse qui guidera les orientations économiques de l’Union européenne jusqu’en 2029. Cette initiative est la première grande action du nouveau quinquennat de la présidente et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Ursula von der Leyen. Elle intervient dans un contexte géopolitique tendu, où l’Europe doit répondre aux politiques protectionnistes et de dérégulation technologique de Donald Trump, ainsi qu’à la montée en puissance de la Chine.

L’Union européenne avait déjà adopté le 25 mars 2022, la Boussole stratégique (Strategic Compass) européenne visant à renforcer la politique de sécurité et de défense de l’UE d’ici à 2030 ou la « boussole numérique » en mars 2021 pour concrétiser les objectifs numériques de l’UE d’ici 2030.

Cette initiative visait à doter 80 % des adultes de compétences numériques de base et à créer 20 millions d’emplois dans les TIC. L’UE prévoyait une couverture en gigabit pour tous les foyers, un accès généralisé à la 5G, ainsi que la production de semi-conducteurs durables et un premier ordinateur quantique, en cours de développement à Paris Saclay. Les entreprises devaient également adopter massivement l’informatique en nuage, le big data et l’intelligence artificielle, et les services publics être entièrement numérisés, permettant à tous les citoyens un accès facile à leurs informations, notamment médicales.

Une nouvelle stratégie qui s’appuie sur le rapport Draghi

Face à la concurrence croissante des États-Unis et de la Chine dans les secteurs de haute technologie, l’UE a décidé d’accélérer. Le rapport des contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Mario Draghi et Enrico Letta, qui avait suggéré un sursaut européen, reste au cœur de cette stratégie. Les anciens Premier ministres italien préconisaient des investissements supplémentaires en Europe de 750 à 800 milliards d’euros par an jusqu’en 2030 pour rattraper l’écart en matière de productivité et d’innovation.

Les atouts de l’UE sont nombreux selon eux : une main-d’œuvre qualifiée, un marché unique, un cadre juridique stable et un modèle social unique. Toutefois, la croissance européenne reste inférieure selon elle à celle des autres grandes économies, avec des faiblesses structurelles qui se traduisent par un retard dans des technologies clés comme l’intelligence artificielle (IA) et le quantique.

Réduire la pression réglementaire pour stimuler l’innovation

Afin de dynamiser la compétitivité européenne, la Commission prévoit une réduction de la pression réglementaire qui freinait l’investissement à long terme. Selon une étude, pour deux entreprises sur trois, la lourdeur administrative représente l’obstacle principal à l’investissement durable. Désormais, l’UE mettra l’accent sur la simplification des formalités et sur l’application pratique des technologies déjà régulées, comme l’IA et la gestion des données (avec des lois telles que le RGPD et le Data Act).

L’ambition de devenir le « premier continent de l’IA »

L’un des objectifs phares de cette stratégie est de faire de l’Europe le leader mondial de l’IA. Pour cela, l’UE lancera des « usines d’IA » en s’appuyant sur son réseau de supercalculateurs EuroHPC. Ces centres permettront aux startups et chercheurs de disposer de la puissance de calcul nécessaire pour développer des modèles d’IA avancés. La Commission prévoit aussi la création d’« AI Gigafactories » pour entraîner de très grands modèles d’IA, en complément de la stratégie de production de puces en Europe avec le « Chips Act ».

L’intégration de l’IA dans des secteurs traditionnels où l’Europe excelle, comme l’automobile, l’énergie, l’aéronautique et la robotique, est au cœur de cette stratégie. Il est aussi question de développer un « CERN de l’IA » pour stimuler la recherche appliquée à la science.

Le quantique : un secteur stratégique pour l’Europe

L’Europe ambitionne également de conserver son rôle de leader dans les technologies quantiques. Le futur « Quantum Act » soutiendra l’investissement dans des infrastructures paneuropéennes de calcul, de communication et de détection quantiques. Ce dispositif vise à surmonter les obstacles réglementaires qui fragmentent encore l’Europe dans ce secteur stratégique.

Infrastructures numériques : vers un futur connecté en très haut débit

La Commission européenne met également l’accent sur le secteur des télécommunications. Le « Digital Networks Act » de l’ancien commissaire européen Thierry Breton, en cours d’élaboration, vise à achever la couverture en très haut débit et à construire les infrastructures du futur pour une connectivité gigabit. Cela inclut des investissements pour préparer l’Europe à la prochaine génération de réseaux, notamment pour la 6G.

Quand Macron parlait d’un nouvelle agenda numérique à Davos 2024

Lors de Davos 2024, le président Français et contributeur du FEM, Emmanuel Macron, avait souligné que l’Europe était en difficulté avec l’accélération des agendas internationaux, notamment en matière de numérique. « Nous allons tout faire pour que l’Europe ait un agenda efficace », avait-il promis avant d’appeler de ses voeux « une nouvelle phase d’investissement » en Europe, similaire à ce qui avait été fait durant la crise sanitaire évoquant de potentiels « Eurobonds ».

Avec cette « boussole pour la compétitivité », l’Union européenne cherche à se réinventer pour faire face aux puissances technologiques mondiales que sont les États-Unis et la Chine. En misant sur l’innovation, l’IA, le quantique et des infrastructures de pointe, l’UE espère non seulement combler son retard mais aussi réaffirmer sa souveraineté technologique. Le succès de cette feuille de route pourrait déterminer la place de l’Europe dans l’économie mondiale des décennies à venir.

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