Les discussions sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur arrivent à un tournant décisif. La présidente de la Commission européenne et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Ursula von der Leyen, a évoqué ce dimanche 17 novembre les négociations affirmant que « le diable se cache toujours dans les détails », mais qu’elles étaient « dans la dernière ligne droite », malgré l’opposition affichée de pays comme la France. Cette déclaration intervient à la veille du sommet du G20 à Rio de Janeiro, où elle espère accélérer la signature de cet accord en gestation depuis plus de deux décennies.
L’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) a fait l’objet d’un accord politique en 2019. Cependant, des divergences entre les membres de l’UE, notamment la France, ont bloqué son adoption définitive. Si des pays comme l’Allemagne et l’Espagne soutiennent une signature avant la fin de l’année, Ursula von der Leyen a reconnu dans une interview à GloboNews, média qui compte des contributeurs du FEM, comme Marcelo Lins, que convaincre tous les États membres des deux blocs restait « une tâche ardue ».
« Le diable est toujours dans les détails », a-t-elle déclaré, insistant sur la complexité d’obtenir l’adhésion de l’ensemble des 27 pays de l’UE ainsi que celle des membres du Mercosur.
La France affiche son opposition à l’accord
Le président Français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron, a réitéré dimanche son opposition à cet accord. Sur X (anciennement Twitter), il a écrit :
« Je veux rassurer tous nos agriculteurs : nous ne renoncerons pas à notre souveraineté alimentaire. La France ne soutiendra pas l’accord UE-Mercosur dans sa version actuelle. »
En France les agriculteurs à l’initiative de leurs syndicats la FNSEA et les Jeunes agriculteurs expriment leur mécontentement aujourd’hui lors de « Feux de la colère » à travers la France. Ces derniers redoutent une arrivée massive de viande en provenance d’Amérique latine, produite dans des conditions qui ne respectent pas les normes environnementales et sanitaires strictes de l’UE. Ils dénoncent également une concurrence jugée déloyale.
Méfiance toutefois car ces syndicats ont bien souvent servi les intérêts du président de la République, malgré les apparences, l’ancien président des Jeunes agriculteurs, Jérémy Decerle, ayant même fini eurodéputé Renaissance.
Un enjeu stratégique pour l’Europe et le Mercosur
Pour Ursula von der Leyen, cet accord représente une opportunité stratégique visant à renforcer les relations commerciales entre les deux blocs. Les exportations européennes vers l’Amérique latine pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, tandis que le Mercosur gagnerait un meilleur accès au marché européen. Cependant, le chemin vers la signature reste semé d’embûches, notamment en raison des divergences sur les questions environnementales et agricoles.
Un soutien mitigé au sein de l’UE
Alors que l’Allemagne et l’Espagne soutiennent l’accord, d’autres pays européens restent hésitants. Ces désaccords internes compliquent la tâche de la Commission européenne. À cela s’ajoutent les exigences du Mercosur, qui souhaite des garanties sur l’accès de ses produits au marché européen sans nouvelles restrictions, mais la Commission à le pouvoir de passer en force.
Perspectives
Cela ne serait pas sans poser de problèmes démocratiques comme l’a relevé ce matin un journaliste de BFMTV qui recevait Yannick Jadot, expliquant que le passage en force du Mercosur, sans consultation des peuples et contre la voix de certains pays ferait à n’en pas manquer monter les populismes en Europe. Alors que la Commission européenne ne cesse de dénoncer l’extrême droite en Europe, elle pourrait ainsi contribuer à son succès.