Après plusieurs semaines de spéculations sur un supposé brouillage GPS ayant visé l’avion d’Ursula von der Leyen en Bulgarie, la Commission européenne a clarifié les faits : le vol a bien atterri en toute sécurité, sans preuve d’« ingérence » russe. Retour sur une affaire mêlant rumeurs, erreurs médiatiques et tensions géopolitiques.
Début septembre, un incident survenu dans le ciel bulgare a enflammé les réseaux sociaux et les rédactions européennes. Le vol transportant Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, vers la ville de Plovdiv, aurait été victime d’un brouillage du signal GPS lors de son approche de l’aéroport. Selon un article de la Financial Times, cité par plusieurs médias, l’avion aurait même dû tourner en rond pendant près d’une heure avant d’atterrir « manuellement », le pilote se guidant à l’aide de cartes papier.
Cette version spectaculaire, vite relayée, a nourri les soupçons d’une « interférence russe », hypothèse alimentée par le contexte de guerre en Ukraine et la multiplication d’incidents de brouillage signalés dans l’est de l’Europe.
Mais la réalité semble beaucoup plus banale. Dans une réponse officielle transmise à l’eurodéputé Fabio De Masi (BSW), la Commission européenne a confirmé que « le pilote de l’appareil transportant la présidente avait signalé un problème GPS à la tour de contrôle, avant d’atterrir en toute sécurité grâce au système d’atterrissage aux instruments (ILS) ». Autrement dit, aucun danger réel ni incident majeur n’a eu lieu.
Le commissaire européen Andrius Kubilius a rappelé que ce type de perturbations « des systèmes de navigation par satellite (GNSS), incluant le jamming et le spoofing, se produit quotidiennement dans les régions orientales de l’Union européenne, notamment à proximité des zones de conflit ». Ces interférences, fréquentes mais maîtrisées, ne sont pas nouvelles.
De son côté, le service de suivi aérien Flightradar24 a lui aussi contredit les rumeurs. Les données montrent que le vol prévu pour durer 1 h 48 s’est achevé en 1 h 57, soit un léger retard compatible avec un atterrissage classique. Le transpondeur a par ailleurs émis « un signal GPS de bonne qualité durant tout le vol ».
L’eurodéputé Fabio De Masi, à l’origine de la demande d’explication, s’est dit surpris par la différence entre le récit médiatique initial et la réponse de la Commission. Il note que la Financial Times, dont le correspondant se trouvait à bord, a depuis corrigé la durée du vol — passée d’une heure d’attente à seulement vingt-trois minutes —, tout en maintenant la thèse d’un dysfonctionnement partiel.
Pour De Masi, il s’agit avant tout d’un « sujet médiatico-politique », amplifié par le climat de tension entre Bruxelles et Moscou. Le parlementaire salue la clarification apportée, soulignant qu’aucune preuve ne vient confirmer une action délibérée d’ingérence étrangère.
Sources :
Berliner Zeitung – « EU-Kommission räumt ein: Von der Leyens Flugzeug landete sicher – keine „Einmischung“ aus Russland » – 17/10/2025 – lien