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Anna Paulina Luna. Photo : DR

JFK : La Républicaine Anna Paulina Luna publie des documents déclassifiés par Moscou

Le gouvernement russe aurait remis à la députée américaine Anna Paulina Luna une série de documents liés à l’assassinat de John F. Kennedy, conservés par le KGB depuis 1963. Si Moscou évoque une « déclassification complète », les experts restent prudents et redoutent une opération d’influence politique plutôt qu’une révélation historique.

L’annonce, largement relayée par les médias russes, évoque un rapport de 350 pages rassemblant notes internes, témoignages et conclusions de l’époque. Les autorités russes assurent que ces documents auraient été préservés depuis six décennies et qu’ils seraient désormais remis « pour la vérité historique ».

Anna Paulina Luna confirme

Anna Paulina Luna, élue de Floride et présidente du Task Force on the Declassification of Federal Secrets à la Chambre des représentants, a confirmé avoir reçu un dossier de la part de l’ambassadeur de Russie, Anatoli Antonov, qu’elle a publié sur le site JFK Fact dirigé par le journaliste Jefferson Morley. Sur le réseau X (anciennement Twitter), elle assure que « ces documents n’ont été ni édités, ni expurgés, ni falsifiés ». « Bien que des experts s’emploient activement à vérifier la légitimité de ces documents, ils sont pour l’instant considérés comme authentiques. Le peuple américain a désormais pleinement accès à ces informations et peut ainsi décider par lui-même. »

Lors de la campagne présidentielle, Donald Trump avait promis de nombreuses révélations sur JFK, l’affaire Epstein et même sur le 11 septembre, mais pour l’instant les américains sont restés sur leur faim et certains anciens soutiens du Républicain tels que le journaliste Tucker Carlson ont même pris leur distance avec le président américain suite aux révélations qui ont été faites sur ses liens avec Epstein.

La représentante Républicaine, Anna Paulina Luna est toutefois responsable de la stratégie de déclassification depuis plusieurs mois. Sous l’impulsion du Congrès, son équipe travaille à rendre accessibles plusieurs archives sensibles : les dossiers JFK et RFK, les documents sur Martin Luther King, mais aussi certaines pièces concernant Jeffrey Epstein ou encore les phénomènes aériens non identifiés. En juillet 2025, son comité avait déjà obtenu la publication du dossier complet de George Joannides, officier de la CIA impliqué dans l’enquête sur l’assassinat de Kennedy, après plus de soixante ans de secret.

Les documents fournis par Moscou auraient été réclamés par les Etats-Unis en 1992, mais selon Moscou leur transfert aurait été bloqué par la CIA car il contenait des indices sur une opération d’Etat visant à éliminer Kennedy pour préserver le complexe militaro industriel.

Les principaux éléments contenus dans le dossier remis par Moscou

Il s’agit d’un recueil de documents diplomatiques, de notes internes du KGB et de télégrammes échangés entre 1959 et 1964 concernant l’assassinat de John F. Kennedy et le séjour en URSS de Lee Harvey Oswald.

Les archives d’Oswald à Moscou (1959-1962)

Le rapport reproduit l’intégralité du formulaire rempli par Lee Harvey Oswald lors de sa demande de visa et de citoyenneté soviétique en 1959. Il y déclare vouloir devenir communiste et travailler pour « le peuple ». Le KGB avait alors ouvert un dossier de suivi, le considérant comme un transfuge américain instable mais inoffensif. Les rapports internes concluent qu’Oswald était « déséquilibré » et que son séjour n’a donné lieu à aucun recrutement par les services soviétiques.

La réaction soviétique à l’assassinat de Kennedy (novembre 1963)

Les documents montrent la stupeur du Kremlin après la mort du président. Des télégrammes de Khrouchtchev à Washington évoquent la crainte d’être accusé d’un complot. Les archives internes révèlent que le KGB soupçonnait dès le 23 novembre 1963 qu’Oswald n’avait pas agi seul. Une note datée du 29 novembre 1963 ordonne aux diplomates soviétiques de recueillir toutes les informations possibles sur les milieux d’extrême droite américains et sur la CIA, considérée comme un acteur potentiel du meurtre.

Les échanges officiels entre Washington et Moscou (1963-1964)

Plusieurs lettres diplomatiques sont reproduites, notamment entre l’ambassadeur américain à Moscou, Foy Kohler, et Nikita Khrouchtchev. Elles portent sur la Commission Warren et la demande américaine d’accéder au dossier soviétique d’Oswald. Une note de 1964 montre que le Comité central soviétique (CC du PCUS) avait refusé de livrer les documents originaux à Washington, craignant qu’ils soient utilisés à des fins de propagande.

La position idéologique du Kremlin

Le rapport contient plusieurs extraits de journaux communistes analysant la politique américaine après la mort de Kennedy. Ils accusent l’« impérialisme américain » d’avoir éliminé un président favorable à la détente. Les textes du Pravda et d’autres organes officiels décrivent le meurtre comme un coup d’État intérieur orchestré par les “forces militaristes américaines” pour maintenir la guerre froide.

Le transfert de technologie nucléaire vers Israel contre la volonté de Kennedy

Le dossier russe comporte également un passage inédit sur le programme nucléaire israélien et sur le rôle joué par certains responsables américains dans les années 1960, notamment James Jesus Angleton, chef du contre-espionnage de la CIA et proche du Mossad.

Le rapport ne contient pas de preuve directe d’un complot, mais il éclaire la manière dont l’URSS a interprété et documenté l’assassinat de Kennedy : Oswald est vu comme un ex-Marine instable, probablement manipulé ; la CIA et certains milieux militaro-industriels américains sont mentionnés comme suspects ; Moscou a choisi de garder ces archives confidentielles jusqu’à aujourd’hui pour des raisons diplomatiques.

Le scepticisme des médias américains

Le New York Post, qui a révélé l’affaire le 15 octobre, cite plusieurs experts jugeant possible une « opération de propagande » destinée à semer le doute sur les institutions américaines.

Selon le directeur du site JFK Fact, Jefferson Morley, qui assure avoir publié l’intégralité des documents estime que« Ce pourrait être un geste symbolique, ou une manœuvre d’influence, davantage qu’une véritable révélation d’archives ».

Depuis plusieurs années, la Russie met en avant la déclassification comme outil diplomatique, cherchant à se positionner en gardienne de la vérité face à ce qu’elle présente comme la dissimulation occidentale. Dans le contexte de tensions accrues entre les deux pays, la manœuvre pourrait viser à alimenter la défiance vis-à-vis du renseignement américain, tout en fragilisant le discours officiel sur l’assassinat de Kennedy. D’un autre côté, ces révélations ne semblent pas desservir ni inquiéter les Républicains comme en atteste la publication de Luna. La représentante a toutefois affirmé avoir été victime de nombreuses attaques en ligne. Quelques jours après que Luna ait annoncé son intention de publier ces documents, Elon Musk a annoncé la fermeture de 1,7 millions de faux comptes X.

En attendant, la promesse d’une « vérité historique » continue de nourrir la fascination et les soupçons qui entourent, depuis soixante ans, la mort de John F. Kennedy.

Sources :
New York Post – Russia gives JFK files to Rep. Anna Paulina Luna, but can they be trusted? – 15 octobre 2025
Washington Examiner – Russia offers JFK assassination documents to Rep. Anna Paulina Luna – octobre 2025
Luna House .gov – Declassification Task Force secures George Joannides CIA file – juillet 2025

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