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Réseaux sociaux : les jeunes s’informent sur TikTok, YouTube… mais débattent toujours sur X

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Une étude de l’Observatoire Hexagone réalisé avec l’IFOP révèle que les réseaux sociaux sont désormais au cœur de la formation de l’opinion politique des jeunes Français. TikTok et YouTube arrivent en tête, loin devant Facebook, confirmant une mutation profonde des pratiques d’information. À la troisième place, le réseau social d’Elon Musk s’impose comme un incontournable de l’arène politique malgré le boycott JeQuitte X qui enjoignait à quitter X l’année dernière.

Selon un sondage réalisé auprès de 10 000 personnes par l’IFOP et l’Observatoire Hexagone, une association créée en 2024, dédiée à l’analyse des données sociales, économiques et médiatiques du pays, les réseaux sociaux jouent désormais un rôle déterminant dans la manière dont les jeunes de moins de 35 ans s’informent sur la politique.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : TikTok et YouTube sont les deux plateformes les plus citées, à égalité avec 26 %, suivies par X (ex-Twitter) avec 22 %, et Facebook avec 19 %.

Cette hiérarchie consacre l’ascension des formats vidéo courts et des contenus participatifs, qui séduisent une génération connectée et en quête d’authenticité.

Le succès de X malgré le Boycott

Si 22 % des français avouent s’informer sur X, le chiffre monte jusqu’à un français sur quatre à Paris qui utilise ce réseau social comme source d’information.

Lancé fin 2024 / début 2025 par des universitaires et militants associatifs pour inciter les utilisateurs du réseau social X (anciennement Twitter) à le quitter collectivement en raison de dérives perçues (désinformation, haine, modération affaiblie) dans la plateforme, le mouvement « HelloQuitteX » n’a semble-t-il pas eu l’effet escompté. Le mouvement avait fixé le 20 janvier 2025 comme date symbolique d’un “exode groupé” vers des plateformes alternatives, mais Hexagone souligne que malgré « JeQuitteX », près de 90 % des députés ont conservés un compte sur le réseau social d’Elon Musk et que « leur audience grimpe ». « Même chez les écologistes, où le mouvement a été le plus suivi, 53% en conservent un. »

Selon l’Observatoire, le nombre d’abonnés médian par député est de 5 700 abonnés et leurs comptes ont connu une augmentation de +10% d’abonnés depuis janvier. Les plus fortes progressions se situent aux extrémités de l’échiquier politique : le Rassemblement national gagne 18 %, l’Union de la droite radicale 17 %, et La France insoumise 5 %.

Plusieurs figures montantes sur X connaissent une croissance fulgurante de leur audience. C’est le cas de la députée LFI du Val d’Oise, Gabrielle Cathala qui enregistre une hausse de 159 % de ses abonnés, suivie du député UDR du Gard, Alexandre Allegret-Pilot (+124 %), du député RN de la Somme, Matthias Renault, (+105 %), du député socialiste de la Drôme, Paul Christophle (+97 %) et enfin du député UDR des Bouches-du-Rhone, Gérault Verny (+96 %). Une dynamique qui reflète une forte polarisation et l’émergence de nouvelles voix influentes.

D’après l’Observatoire, la progression sur X ne repose pas uniquement sur une posture clivante : la mécanique est plus nuancée. Le député LFI Louis Boyard en a fait l’expérience. Après sa défaite lors d’un scrutin municipal, il a subi l’une des plus fortes chutes d’abonnés parmi les élus encore actifs sur la plateforme. 

Sur X, même les profils centristes adoptent un ton plus tranché : les comptes affiliés à Renaissance affichent un médian de 7 800 abonnés, en hausse de 10 %. La plateforme reste un bastion militant, où 47 % des utilisateurs proches du camp présidentiel jugent le bilan économique d’Emmanuel Macron « satisfaisant », contre seulement 30 % dans le reste de la population.

X cristallise les clivages politiques : 25 % des sympathisants de la gauche radicale et 18 % de ceux de la droite nationale – jusqu’à 22 % chez Reconquête – s’y informent régulièrement, contre seulement 14 % chez les proches de Renaissance ou des Républicains. Une dynamique similaire se retrouve sur YouTube et TikTok.

Une information politique de plus en plus fragmentée

L’étude met en évidence une tendance lourde : la fragmentation des sources d’information. Si les jeunes se tournent massivement vers TikTok ou YouTube, ils ne délaissent pas pour autant les médias traditionnels, qu’ils consultent souvent en complément. Cette hybridation des pratiques — entre presse, télévision et réseaux sociaux — reste la norme.

TikTok et YouTube, vitrines politiques de la génération Z

Avec des formats courts, des algorithmes puissants et des influenceurs politiques de plus en plus nombreux, TikTok et YouTube sont devenus de véritables arènes d’expression civique. Les jeunes y découvrent des points de vue multiples, souvent incarnés et émotionnels, ui contrastent avec le ton institutionnel des médias classiques.

Cette évolution questionne la crédibilité de l’information politique, mais favorise également la pluralité journalistique. Cela oblige les journalistes à repenser leur présence sur ces plateformes pour maintenir un lien avec cette génération d’électeurs.

Vers une nouvelle culture médiatique

Au-delà des chiffres, ce sondage révèle une mutation culturelle profonde : la politique ne se suit plus seulement dans les journaux ou les débats télévisés, mais aussi dans les fils TikTok, les stories Instagram ou les vidéos YouTube.

Les jeunes ne consomment pas l’information, ils l’interprètent, la commentent et la partagent — faisant d’eux des acteurs de l’espace public numérique.

Source : L’Observatoire Hexagone.

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