Derrière le baromètre publié par l’Étudiant sur la perception du journalisme et des fake news par les 15-20 ans, se profile un acteur clé du paysage médiatique privé : le groupe Coalition Media Group (CMG), détenu par Marc Laufer, proche de Patrick Drahi, et majoritairement contrôlé par Comexposium. Une étude instructive sur la défiance envers les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle, mais dont l’origine interroge sur la concentration des médias en France.

Publié le 4 novembre 2025, à la veille du Salon du journalisme, marketing et communication organisé à Paris, le baromètre exclusif de l’Étudiant sur la perception des métiers de l’information a largement circulé sur les réseaux professionnels. L’enquête, menée auprès d’un panel de 731 jeunes âgés de 15 à 20 ans, évoque une génération vigilante face à la désinformation : 85 % des sondés considèrent le journalisme comme un métier d’utilité sociale, tandis que 75 % identifient les réseaux sociaux comme le principal vecteur de fake news.

L’Etudiant, propriété du groupe Comexposium

Derrière cette publication, on retrouve l’Étudiant, marque historique de l’orientation et de la formation, mais aussi filiale du groupe Coalition Media Group (CMG). Ce dernier appartient à Marc Laufer, entrepreneur des médias avec son groupe Newsco et proche de Patrick Drahi, qui a été directeur général d’Altice. En 2017, Marc Laufer s’est associé à l’homme d’affaire belge, Philippe Lhomme afin de racheter L’Étudiant au Groupe L’Express. Depuis 2018, Comexposium, l’un des plus grands organisateurs de salons professionnels au monde, détient 51 % du capital de l’Etudiant, le plaçant ainsi dans un réseau économique où médias, événementiel et communication convergent. Comexposium appartient à la CCI Paris Ile de France, au fonds Charterhouse Capital Partners, un fonds d’investissement britannique issu de la Chaterhouse Bank et ancienne filiale du groupe HSBC, membre du Forum économique mondial et à Crédit Agricole Assurances, filiale du Crédit Agricole,mla banque française qui compte parmi ses actionnaires, la BNP PariBas, membre du FEM et The vanguard group, un fonds de pension qui est détenu en partie par Black Rock, le fonds de pension membre du WEF.

Le groupe est présidé depuis le 25 aout 2025 par Pablo Nakhlé Cerruti, ancien chargé de mission au cabinet de l’ancienne ministre de l’Economie et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Christine Lagarde.

Cette filiation donne une dimension supplémentaire à l’enquête, présentée comme un travail d’observation sur le rapport des jeunes à l’information. L’étude n’a pas été réalisée par un institut indépendant, mais directement par l’Étudiant lui-même, pour le compte de son propre groupe. Une démarche qui n’enlève rien à la pertinence des résultats, mais interroge sur le rôle d’un acteur médiatique privé dans la production de sondages d’opinion sur son propre secteur.

Une jeunesse critique mais attachée au rôle du journaliste

Les résultats montrent une confiance nette envers les médias traditionnels : 83 % des jeunes leur accordent leur crédit, contre seulement 8 % pour les réseaux sociaux. Le journalisme conserve une valeur forte — 85 % le jugent d’utilité sociale — même si son influence est jugée affaiblie par 58 % des répondants.

Cette posture se doublerait d’une demande de régulation : 77 % des jeunes appelleraient à renforcer la sensibilisation à l’école pour lutter contre la désinformation, 63 % souhaiteraient une responsabilisation accrue des plateformes, et plus de la moitié (51 %) plaideraient pour des sanctions renforcées contre les fausses informations.

L’intelligence artificielle, un risque perçu pour l’information

Autre constat de l’étude : la méfiance face à l’intelligence artificielle. 75 % des jeunes redouteraient la propagation de fake news par les outils génératifs, 68 % craigneraient une déshumanisation du métier, et 60 % évoqueraient le risque de suppression d’emplois dans les médias. À peine 2 % n’y verraient aucun danger.

Un groupe médiatique à l’image plurielle

Cet enquête a été publiée le 4 octobre, quelques jours avant la publication de l’enquête de l’Observatoire Hexagone, soulignant que les jeunes plébiscitaient les réseaux sociaux comme source d’information.

Le positionnement de l’Étudiant dans l’écosystème de CMG n’est pas anodin. Outre ses activités de conseil et de salons, le groupe s’inscrit dans une logique de convergence des médias, proche de celle incarnée par Altice. En publiant un baromètre sur la confiance dans les médias, l’Étudiant se place à la fois comme observateur et acteur d’un secteur qu’il contribue à structurer — notamment par ses événements et son influence sur les formations en communication.

Ariane Despierres-Féry, directrice de la rédaction, résume ainsi la philosophie de la maison : « Ce baromètrle e révèle une jeunesse qui ne se contente pas de consommer l’information : elle l’interroge, la hiérarchise et en redéfinit les contours. » Une déclaration qui illustre la volonté du groupe de se positionner comme référence auprès d’un public jeune, tout en participant au débat sur la transformation du journalisme à l’ère de l’IA.

Le salon organisé le 8 novembre au Newcap Event Center rassemblera d’ailleurs des figures du secteur, comme le DG de lESJ Paris, Emmanuel Ostian, Mélanie Benois, de l’Arcom, ou le directeur du CFJ, Jean-Bernard Schmidt, proche du Forum économique mondial.

Sources :

L’Étudiant – Baromètre exclusif : Journalisme et fake news (communiqué du 4 novembre 2025) – https://www.letudiant.fr

La Correspondance de la Presse – Comexposium prend 51 % de Coalition Media Group (L’Étudiant) – 2018 – https://www.lcpresse.fr

Les Échos – Marc Laufer, un entrepreneur au cœur du secteur média – 2023 – https://www.lesechos.fr