Le réseau social TikTok , membre du Forum économique mondial, fait face à des pressions sans précédent, à la fois en Europe et aux États-Unis. Entre une enquête de la Commission européenne sur une possible ingérence russe en Roumanie et une bataille juridique devant la Cour suprême américaine pour éviter une vente forcée, la plateforme est au cœur des tensions géopolitiques et économiques.
En Roumanie, l’élection présidentielle annulée de novembre 2024 a soulevé des inquiétudes sur des manipulations potentielles orchestrées via TikTok. Selon la Commission européenne de la contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Ursula Von Der Leyen, la plateforme aurait pu être exploitée pour promouvoir illicitement Calin Georgescu, un candidat prorusse et critique de l’UE. Celui-ci l’avait emporté face à Elena Lasconi, une candidate centriste pro-européenne.
Le réseau social, propriété de ByteDance, est soupçonné de ne pas avoir respecté ses obligations en matière de transparence et de lutte contre la désinformation, selon le Règlement sur les services numériques (DSA). Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, a appelé à une réponse ferme, déclarant que « nous devons protéger nos démocraties de toute forme d’ingérence étrangère ».
L’enquête, basée sur des rapports de renseignement roumains, se concentre sur les systèmes de recommandation de TikTok et la gestion des publicités politiques. Si des violations sont confirmées, ByteDance pourrait faire face à des amendes pouvant atteindre 6 % de son chiffre d’affaires annuel ou, dans les cas les plus graves, à une interdiction de ses activités en Europe.
La bataille juridique aux États-Unis
Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, TikTok lutte pour sa survie. Une loi adoptée par le Congrès américain en avril 2024 impose à ByteDance de vendre TikTok avant le 19 janvier 2025, sous peine d’interdiction. Cette mesure viserait à réduire les risques de surveillance et de manipulation par le gouvernement chinois.
TikTok a porté l’affaire devant la Cour suprême, demandant la suspension de cette loi qu’elle qualifie de « restriction massive et sans précédent de la liberté d’expression ». La plateforme souligne qu’une interdiction nuirait gravement aux créateurs de contenu et aux petites entreprises américaines qui dépendent de TikTok.
Le rôle clé de Donald Trump
Fait inattendu, le contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Donald Trump, ancien détracteur de TikTok, pourrait devenir un allié improbable pour la plateforme. Le président élu américain a rejoint TikTok en février 2024 pour toucher un public plus jeune et renforcer sa campagne électorale. Lors d’une récente conférence de presse, il a exprimé son « faible » pour l’application, laissant entrevoir une possible révision de la loi.
Cette volte-face intervient alors que TikTok a été un levier clé pour Trump, qui cherche à contrer l’influence de Meta (Facebook et Instagram), plateformes qui l’avaient suspendu après les émeutes du Capitole en 2021. Ce groupe fait toutefois également partie du Forum.
La Cour suprême accepte d’examiner la demande de TikTok Tok
La Cour suprême a d’ailleurs accepté, ce mercredi 18 décembre, d’examiner la constitutionnalité de la possible loi contraignant la maison mère, chinoise, de TikTok à vendre le réseau social sous peine d’interdiction aux Etats-Unis.
Malgré les recours de TikTok, les tribunaux ont jusqu’ici rejeté leurs demandes de suspension de la loi. Le 10 janvier, la Cour suprême débattra de la possible violation du Premier Amendement, qui garantit la liberté d’expression.
Une plateforme sous pression mondiale
TikTok revendique 175 millions d’utilisateurs actifs en Europe et 170 millions aux États-Unis. Ses efforts pour prévenir la désinformation et protéger la vie privée sont scrutés à l’échelle mondiale.