L’armée thaïlandaise a annoncé avoir repris le contrôle du temple historique de Ta Kwai, occupé par des forces cambodgiennes depuis plusieurs mois. Si le site est désormais sécurisé, Bangkok avertit que la situation reste extrêmement instable, avec des combats toujours en cours dans les zones stratégiques alentour.
La tension reste vive à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Lundi 15 décembre, l’armée thaïlandaise a confirmé avoir repris le contrôle du temple de Ta Kwai, situé dans le district de Phanom Dong Rak, dans la province de Surin, après de violents affrontements avec les forces cambodgiennes. L’annonce a été faite par le général de division Winthai Suvaree, porte-parole de l’armée, qui a toutefois insisté sur la fragilité de la situation sécuritaire.
Selon les autorités militaires, les troupes de la deuxième région de l’armée thaïlandaise ont repoussé les soldats cambodgiens hors du complexe du temple et sécurisé le site dans la matinée. Les opérations se poursuivent néanmoins autour de plusieurs points stratégiques, notamment la colline 350 et d’autres positions en hauteur, essentielles au contrôle de la zone frontalière. Ces secteurs font toujours l’objet d’actions militaires actives, conformément au plan tactique établi par l’état-major thaïlandais.
D’après le général Winthai Suvaree, les forces cambodgiennes ont répliqué par des attaques continues, mobilisant « tous types d’armes » dans le but de détruire les positions thaïlandaises et de reprendre le terrain perdu. « La situation demeure volatile et exige une vigilance maximale dans toutes les opérations », a-t-il déclaré, soulignant le risque élevé d’escalade.
Le commandant en chef de l’armée thaïlandaise, le général Pana Klaewplodtuk, suit personnellement l’évolution des combats. Il a ordonné à l’ensemble des unités engagées de faire preuve de la plus grande prudence afin de limiter les pertes humaines et d’éviter des dommages inutiles. Une vidéo diffusée par l’armée montre des soldats thaïlandais hissant le drapeau national au sommet du temple de Ta Kwai et entonnant l’hymne national après la reprise du site.
Le temple de Ta Kwai, haut lieu du patrimoine historique régional, est au cœur des tensions entre Bangkok et Phnom Penh depuis plusieurs mois. Les premiers affrontements ont éclaté entre le 24 et le 28 juillet, avant qu’un cessez-le-feu ne soit conclu le 29 juillet. Malgré cet accord, des troupes cambodgiennes se sont ensuite installées à l’intérieur du temple, transformant le site en base militaire, un acte que la Thaïlande considère comme une violation de la Convention de La Haye de 1954 sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé.
Un nouveau cycle de combats a débuté le 7 décembre, lorsque les forces thaïlandaises ont lancé une opération visant à reprendre le contrôle du site. Selon les autorités de Bangkok, des contre-attaques cambodgiennes, menées notamment à l’aide de roquettes BM21, d’artillerie lourde et d’armes légères, ont gravement endommagé les structures supérieures du temple le 9 décembre, avant que les troupes thaïlandaises ne parviennent à y accéder de nouveau.
Sur le plan culturel, le directeur général du département thaïlandais des Beaux-Arts, Phnombootra Chadrajoti, a dénoncé l’utilisation du temple comme position militaire par le Cambodge, estimant qu’elle violait de manière flagrante les règles nationales et internationales protégeant le patrimoine. Il affirme que la Thaïlande dispose de preuves substantielles, incluant des photographies et des vidéos, démontrant que plusieurs temples anciens ont été transformés en postes militaires.
Reconnaissant que les opérations militaires ont causé des dégâts au site, Phnombootra Chadrajoti a néanmoins assuré que la restauration du temple de Ta Kwai serait possible une fois la zone entièrement sécurisée. Il a rappelé l’expertise du département dans la restauration de sites historiques complexes, citant notamment les temples de Phanom Rung, Phimai et Sdok Kok Thom. Selon lui, les technologies modernes permettraient de rendre au temple son état d’origine, voire de l’améliorer, une fois qu’il sera fermement sous contrôle thaïlandais.
Cette reprise du temple, loin de clore le dossier, illustre la persistance des tensions territoriales et patrimoniales entre la Thaïlande et le Cambodge, dans une région où la frontière reste un point de friction majeur.
Sources :
Thai PBS World – 15 décembre 2025 – lien