Un groupe de propriétaires de Tesla en France, défendu par Me Patrick Klugman, engage une action en justice contre le PDG Elon Musk. En cause selon eux : les conséquences directes de ses prises de position politiques sur l’intégrité et la sécurité de leurs véhicules.
Quelques clients français de Tesla, soutenus par l’avocat Patrick Klugman, assignent Elon Musk devant le Tribunal de commerce de Paris. L’argument : un « trouble de jouissance » subi à la suite de la politisation croissante du milliardaire américain. En invoquant les articles 1625 et 1626 du Code civil, la plainte repose sur la garantie d’éviction et la jouissance paisible d’un bien acquis.
Selon Me Klugman, les propos controversés d’Elon Musk, désormais actif sur la scène politique et clivant sur les réseaux sociaux, ont déclenché une vague de violences contre ses clients.
«Il y a eu plus de 200 cas de personnes agressées. Il y a des gens qui se sont vu déféquer sur leur voiture et la situation est si vrai que l’on a vu cet autocollant fleurir un peu partout dans le monde : « j’ai acheté cette voiture avec qu’Elon Musk ne devienne fou »», a expliqué Klugman sur le plateau de BFMTV aujourd’hui. « Le client, lui, voulait acheter la voiture pour un message écologique », a-t-il ajouté, précisant que « C’est une voiture qui est fiable, les clients étaient même prêts à payer un peu plus cher pour avoir ça. Et donc par conviction politique ou écologique, ils achètent cette voiture et se retrouvent pris au piège ».
Vandalisme, menaces, autocollants nazis
La plainte est étayée par une série d’incidents violents recensés entre 2024 et 2025 : incendies de véhicules chez un concessionnaire près de Toulouse, voitures taguées de croix gammées et de termes comme « nazi » ou « SwastiCar », douze bornes de recharge incendiées à Saint-Chamond, ou encore des rayures volontaires sur plusieurs Tesla à Niort.
Face à cette hostilité croissante, Tesla a réagi en recommandant à ses utilisateurs d’activer le mode « Sentinelle », un système de vidéosurveillance embarqué.
Une image publique devenue source de risque
Pour l’avocat, le problème dépasse le cadre du simple incident isolé : « Le coût social pour conduire une Tesla devient supérieur à celui de conduire un SUV polluant. » Le lien entre les opinions exprimées par Elon Musk et les actes subis par les clients est au cœur du litige.
Selon Patrick Klugman, « aujourd’hui, si vous êtes un automobiliste et que vous voulez passer à l’électrique, vous ne voulez pas acheter la voiture de monsieur Musk ». « Ou alors si vous l’achetez, c’est que vous êtes en adhésion avec ses idées (…) C’est a priori une portion minoritaire des consommateurs qui veulent acheter une voiture sans avoir de problèmes et sans partager un message politique radical. »
Les problèmes d’Elon Musk depuis le rachat de Twitter
Le milliardaire s’est défendu à plusieurs reprises de ne pas avoir voulu faire un salut nazi lors d’un meeting d’Elon Musk, soulignant vidéos et photos à l’appuie que le même geste effectué par d’autres personnalités telles qu’Emmanuel Macron n’avait pas suscité la même réaction médiatique.
Elon Musk a racheté Twitter avec l’intention d’en faire le royaume de la liberté d’expression. Depuis, il a du faire face à plusieurs compagnes de dénigrements. Twitter a notamment été la cible du mouvement #stophateforprofit, composé de plusieurs ONG dont l’Antidefammation League de Jonathan Greenblatt.
C’est ensuite Tesla qui a été la cible de nombreuses manifestations aux Etats-unis, au point que des événements majeurs comme le Salon de l’auto de Vancouver ont décidé d’exclure la marque pour des raisons de sécurité.
Le New York Post a révèlé l’existence d’un site nommé « Dogequest », qui publiait les informations personnelles de clients Tesla (noms, adresses, numéros de téléphone), les menaçant de ne les retirer qu’en échange d’une preuve de revente du véhicule.
Comme une double peine, en France, les plaignants demandent la résiliation des contrats de vente et le remboursement de leurs véhicules. Me Klugman espère même que cette action puisse inspirer une action collective plus large, y compris aux États-Unis.