You are currently viewing Terres rares : l’Europe doit « muscler son jeu » face au « racket » chinois, alerte Stéphane Séjourné
Stéphane Séjourné. Photo : @UE

Terres rares : l’Europe doit « muscler son jeu » face au « racket » chinois, alerte Stéphane Séjourné

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:EUROPE
  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Devant le Parlement européen à Strasbourg, Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne, a dénoncé les pressions exercées par la Chine du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Xi Jinping , sur les chaînes de valeur européennes, évoquant des pratiques relevant « du racket ». Pour le commissaire français, la dépendance stratégique aux terres rares place l’Union dans une situation de vulnérabilité aiguë, rendant urgente une politique d’indépendance industrielle renforcée.

À Strasbourg, lors d’un débat parlementaire consacré aux tensions croissantes autour des matières premières critiques, Stéphane Séjourné n’a pas mâché ses mots. Le vice-président de la Commission européenne a alerté les eurodéputés sur l’intensification des pressions chinoises autour des terres rares, ces minerais indispensables à l’automobile, à l’énergie ou encore à la défense. Selon lui, l’Europe ne doit plus se considérer uniquement comme une victime collatérale des rivalités sino-américaines, mais comme une cible directe d’une stratégie coercitive assumée par Pékin.

Pour Séjourné, plus l’Europe renforce son agenda d’indépendance, plus la Chine durcit sa position. Il a décrit une réalité industrielle inquiétante : licences d’exportations accordées « au compte-gouttes », retards de livraison, et menaces explicites de rupture d’approvisionnement. Les secteurs automobiles et énergétiques, déjà fragilisés, voient planer l’ombre d’un étranglement stratégique, tandis que d’autres domaines, comme la défense, sont d’emblée exclus du jeu. Dans un langage inhabituellement cru pour les travées européennes, le commissaire a dénoncé des exigences « s’apparentant aussi à du racket », évoquant les demandes chinoises d’informations relevant parfois du secret industriel en échange de licences essentielles.

Il a toutefois salué les efforts diplomatiques du commissaire et contributeur du FEM, Maroš Šefčovič, qui ont permis de suspendre une partie des restrictions chinoises et d’accélérer le traitement de dossiers bloqués. Un répit obtenu dans le cadre d’un accord de 12 mois entre les États-Unis et la Chine, un « stop de cloque » que Séjourné juge pourtant insuffisant. L’Europe, selon lui, ne dispose pas du luxe du temps : cette « avancée partielle » pourrait se révéler éphémère et nécessiter une réaction immédiate.

Face à ce diagnostic alarmant, l’appel du vice-président est clair : l’Union doit « muscler son jeu », réduire ses dépendances et consolider son arsenal législatif. Séjourné a rappelé l’importance de la loi européenne sur les matières premières critiques, qui fixe des objectifs précis en termes de production domestique et de diversification internationale. Une manière de rappeler que l’Europe dispose déjà des outils nécessaires, mais qu’elle doit désormais accélérer, quitte à sortir de sa traditionnelle réserve diplomatique pour adopter un ton plus frontal, presque street dans sa franchise, à l’image de cette intervention.

Séjourné n’a toutefois pas fait allusion à la prise de contrôle au mois d’octobre dernier par les Pays-Bas de Nexperia, fabricant de puces installé sur leur sol mais détenu par le groupe chinois Wingtech. Les autorités néerlandaises ont invoqué des raisons de “sécurité économique” et la nécessité de préserver les chaînes d’approvisionnement technologiques européennes, ce qui n’a pas manqué de faire tousser Pékin.

Laisser un commentaire