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Photo : @Jacques Paquier

Temps de travail : le Sénat valide un allongement légal inédit pour financer la Sécurité sociale

En pleine discussion du budget de la Sécurité sociale, le Sénat a adopté un amendement allongeant la durée légale du travail d’environ quinze minutes par semaine. Malgré l’opposition de la gauche et les réserves du gouvernement, les centristes assurent que cette mesure pourrait générer jusqu’à 10 milliards d’euros par an. Un vote qui rallume un vieux débat français sur le temps de travail.

Au cœur de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les sénateurs ont créé la surprise en adoptant, le 22 novembre, une modification directe de la durée légale de travail. L’amendement, porté par le centriste Olivier Henno, fait passer le seuil annuel de 1 607 à 1 619 heures, soit l’équivalent d’une heure supplémentaire par mois. Une évolution apparemment minime qui, selon ses promoteurs, pourrait générer environ 10 milliards d’euros de recettes supplémentaires par an grâce aux cotisations et taxes afférentes.

Malgré un avis défavorable du gouvernement et de la commission des affaires sociales, la mesure a obtenu 199 voix contre 135. Pour ses défenseurs, il s’agit d’un levier de « justice sociale ». Olivier Henno estime en effet que la diminution du temps de travail contribue à l’appauvrissement général du pays, tandis qu’une augmentation profiterait, selon lui, « aux plus modestes ». Dans le même élan, la sénatrice Anne-Sophie Romagny a présenté ce dispositif comme l’un des moyens « les plus efficaces et les moins douloureux » pour rétablir les comptes sociaux sans peser sur les droits ou les impôts.

Une lecture loin d’être partagée sur les bancs de la gauche, où les protestations se sont multipliées. La socialiste Corinne Féret a dénoncé un PLFSS « devenu inexplicable », accusant la majorité sénatoriale de multiplier les propositions « inacceptables ». La communiste Cathy Apourceau-Poly a rappelé que ce quart d’heure hebdomadaire supplémentaire prendrait une tout autre dimension pour ceux qui exercent les métiers les plus pénibles. Un argument repris par le socialiste Simon Uzenat, pour qui le message envoyé est clair : « travailler plus pour gagner moins, et pour vivre moins longtemps en bonne santé ». Laurence Rossignol, ancienne ministre, y voit quant à elle la création de nouvelles fractures entre ceux qui peuvent télétravailler et ceux dont les tâches excluent toute flexibilité.

Même au sein de la droite, pourtant traditionnellement favorable à une remise en cause des 35 heures, des interrogations persistent. Plusieurs élus LR regretteraient que le PLFSS soit utilisé comme véhicule législatif pour une réforme d’ampleur qui mériterait, selon eux, un débat spécifique. La sénatrice Frédérique Puissat s’est notamment inquiétée que ce débat absorbe toute l’attention médiatique au détriment des autres enjeux du budget de la Sécurité sociale.

Ce vote, qui n’avait rien d’évident au départ, rouvre ainsi un débat politique et social majeur en France : celui du rapport au travail, de sa durée et de sa répartition. Le texte devra encore poursuivre son parcours législatif, laissant présager une bataille politique nourrie dans les prochaines semaines et donnant l’impression qu’une partie de la classe politique considère les français comme des feignants.

Sources :

Le Parisien – Budget de la Sécu : le Sénat allonge la durée légale du temps de travail (22/11/2025) – lien

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