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Tchéky Karyo. Photo : @Georges Biard

Tchéky Karyo : disparition d’un comédien magnétique au regard d’acier

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L’acteur franco-turc Tchéky Karyo, inoubliable dans L’Ours et Nikita, est mort à l’âge de 72 ans des suites d’un cancer. Interprète intense et éclectique, il aura marqué le cinéma français et international par sa présence singulière, entre violence contenue et douceur mélancolique.

Le cinéma français perd l’une de ses figures les plus charismatiques. Tchéky Karyo, comédien aux quatre-vingts films et aux mille visages, s’est éteint vendredi 31 octobre à l’âge de 72 ans, a annoncé son agente à l’Agence France-Presse. « Valérie Keruzoré, son épouse, et leurs enfants ont la douleur de faire part de la disparition de Tchéky Karyo, emporté par un cancer », a précisé sa famille dans un communiqué.

Né à Istanbul en 1953, d’un père turc et d’une mère grecque d’origine juive, Tchéky Karyo — de son vrai nom Baruh Djaki Karyo — arrive enfant en France, où il se forme au Conservatoire d’art dramatique. Son accent chantant et son regard perçant deviendront sa signature.

C’est en 1988 qu’il accède à la notoriété avec L’Ours, chef-d’œuvre de Jean-Jacques Annaud, dans lequel il incarne un chasseur rongé par la culpabilité. Deux ans plus tard, il devient le mentor ambigu d’Anne Parillaud dans Nikita, de Luc Besson, qui révèle son talent pour les personnages sombres, intenses, parfois ambivalents. Le réalisateur le retrouvera pour Jeanne d’Arc (1999) et Le Baiser mortel du dragon (2001), aux côtés de Jet Li.

Sa filmographie, éclectique et foisonnante, traverse quatre décennies. Capable de passer du polar nerveux au drame intimiste, il joue pour des cinéastes aussi variés que Chantal Akerman (Toute une nuit, 1982), Éric Rohmer (Les Nuits de la pleine lune, 1984), Bob Swain (La Balance, 1983, pour lequel il est nommé au César du meilleur espoir masculin) ou encore Ridley Scott dans 1492 : Christophe Colomb (1992).

À Hollywood, il s’impose rapidement dans les rôles de « méchant » élégant : ministre russe dans GoldenEye (1995), trafiquant cynique dans Bad Boys (1995), policier brutal dans Dobermann (1997). Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes, a salué auprès de l’AFP « un comédien sur qui on pouvait toujours compter, derrière un sourire d’homme tranquille ».

Polyglotte accompli, Tchéky Karyo maîtrise le français, l’anglais, l’espagnol et l’arabe. Sa carrière internationale se poursuit à la télévision britannique avec les séries à succès The MissingBaptiste et Boat Story, diffusées sur la BBC, où il interprète un inspecteur à la fois torturé et profondément humain.

En France, il n’a jamais renié le théâtre, jouant notamment au Festival d’Avignon dans les années 1980. L’acteur, aussi musicien et poète, voyait dans son art une voie spirituelle : « Ce métier m’a aidé à devenir un homme meilleur. L’art dramatique est un espace magique dans lequel on entre pour se retrouver soi-même », confiait-il en 2017 au Midi libre.

De Kaamelott à Amélie Poulain, de Luc Besson à la BBC, Tchéky Karyo laisse derrière lui une œuvre plurielle et un visage gravé dans la mémoire des spectateurs : celui d’un acteur total, habité, à la fois fauve et tendre, à l’image des rôles qui l’ont façonné.

Sources :

Le Monde – « Tchéky Karyo, acteur français connu pour ses rôles dans “L’Ours” et “Nikita”, est mort » – 31 octobre 2025 – lemonde.fr

AFP – Communiqué de la famille Karyo – 31 octobre 2025

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