À peine investi, le nouveau président bolivien Rodrigo Paz a annoncé la reprise des relations diplomatiques avec Washington, rompues depuis 2008 sous Evo Morales. Ce geste marque un virage politique majeur pour le pays andin, qui sort de vingt ans de gouvernements socialistes et d’un isolement international croissant.
Moins de vingt-quatre heures après sa prise de fonction, le président bolivien Rodrigo Paz a officialisé, samedi 8 novembre, la reprise des relations diplomatiques avec les États-Unis, interrompues depuis dix-sept ans. La rencontre entre le chef de l’État bolivien et le secrétaire d’État adjoint américain, Christopher Landau, s’est tenue à La Paz, en marge de la cérémonie d’investiture, à laquelle assistaient plus de soixante-dix délégations étrangères.
« Nous allons rétablir nos relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs, comme cela aurait toujours dû être », a déclaré M. Landau, saluant la volonté d’ouverture du nouveau gouvernement. Un ton radicalement différent de celui qui prévalait depuis 2008, lorsque l’ancien président Evo Morales avait expulsé l’ambassadeur des États-Unis, l’accusant d’ingérence et de complot contre son pouvoir. Washington avait immédiatement riposté par une mesure identique.
Rodrigo Paz, élu le 19 octobre sous la bannière du Parti démocrate-chrétien, a fait de la réintégration de la Bolivie sur la scène internationale un axe central de son mandat. « Plus jamais notre pays ne sera isolé du monde », a-t-il proclamé dans son discours d’investiture, promettant de tourner la page des deux décennies de gouvernements socialistes qui ont façonné la politique nationale depuis 2006. « La Bolivie revient dans le monde, et le monde revient vers la Bolivie », a-t-il ajouté, dans une formule à portée diplomatique et symbolique.
Le nouveau président, fils de l’ancien chef de l’État Jaime Paz Zamora (1989-1993), hérite d’un pays fragilisé par une crise économique sans précédent depuis quarante ans. L’inflation dépasse 19 %, les réserves de devises s’amenuisent et la pénurie d’essence paralyse une partie du territoire. Face à cette situation, M. Paz promet de réduire de moitié les subventions aux carburants et de lancer un programme de « capitalisme pour tous », misant sur la relance de la production et l’allègement fiscal.
Sur le plan international, le chef de l’État se veut rassembleur. Il a profité de son investiture pour rencontrer ses homologues chilien et argentin, Gabriel Boric et Javier Milei, tous deux porteurs d’une volonté affichée de coopération régionale. Le président argentin a déclaré être « à disposition » pour aider à la relance bolivienne, tandis que M. Boric a exprimé sur X son souhait de « renforcer les relations » entre Santiago et La Paz, deux capitales en froid diplomatique depuis 1978.
Sous une pluie torrentielle s’abattant sur la place d’Armes de La Paz, Rodrigo Paz a vu dans cette météo un signe de renouveau : une « purification » envoyée par la Pachamama, la Terre-Mère vénérée dans la culture andine. Le président, qui veut bâtir un « gouvernement vert de la Bolivie », entend concilier développement économique et protection de l’environnement, à l’heure où se tient la COP30 sur le climat à Belém, au Brésil.
« Assez d’idéologies qui ne donnent pas à manger », a-t-il lancé. « Ce qui donne à manger, c’est l’emploi, la production, la croissance et le respect de la propriété privée. » Par ces mots, Rodrigo Paz acte non seulement la fin d’un cycle politique, mais aussi le retour de la Bolivie dans le concert des nations, en renouant avec les États-Unis — un geste qui redéfinit profondément la diplomatie du pays andin.
Sources :
Le Monde – La Bolivie rétablit ses relations diplomatiques avec les États-Unis, après dix-sept ans de rupture – lien – 9 novembre 2025