Yifat Tomer-Yerushalmi, ex-procureure militaire en chef d’Israël, a été hospitalisée d’urgence à Tel Aviv après avoir tenté de se suicider. L’épisode dramatique intervient alors qu’elle est au centre d’une affaire explosive liée à la fuite d’une vidéo montrant des soldats israéliens maltraiter un prisonnier palestinien.
La nuit du 8 au 9 novembre 2025 a été marquée par un nouvel épisode tragique dans l’affaire qui secoue l’armée israélienne depuis plusieurs semaines. Yifat Tomer-Yerushalmi, ancienne procureure militaire en chef de Tsahal, a été transportée d’urgence à l’hôpital Ichilov de Tel Aviv après avoir ingéré une grande quantité de somnifères. Âgée de 51 ans, la magistrate, l’une des femmes les plus influentes du système militaire israélien, aurait tenté de mettre fin à ses jours alors qu’elle se trouvait assignée à résidence dans le cadre d’une enquête pour divulgation d’informations classifiées.
Son état de santé, selon les premières informations relayées par les médias israéliens, est jugé stable. À son arrivée à l’hôpital, elle était consciente et prise en charge rapidement par les équipes médicales. Les autorités israéliennes ont indiqué que la surveillance policière resterait active au sein de l’établissement médical jusqu’à ce que son état permette un retour à son domicile.
Cette tentative intervient dans un contexte de pression sans précédent. Fin octobre, Yifat Tomer-Yerushalmi avait été arrêtée, interrogée puis démissionnée de ses fonctions après avoir reconnu avoir autorisé la diffusion d’une vidéo issue des caméras de surveillance du camp de détention de Sde Teiman, dans le désert du Néguev. Les images, diffusées par la chaîne Canal 12, montraient des soldats israéliens brutaliser un prisonnier palestinien, déclenchant une tempête médiatique et politique sans équivalent.
Ancienne juge militaire et conseillère sur les questions d’égalité des genres au sein de l’armée, Tomer-Yerushalmi s’était imposée comme une figure respectée du droit militaire israélien. Elle avait contribué à la modernisation des procédures judiciaires internes et à la défense des droits des soldats. Sa chute brutale, liée à une affaire de fuite d’informations, a profondément divisé la société israélienne : pour certains, elle incarne la trahison d’un haut responsable ; pour d’autres, une lanceuse d’alerte sacrifiée pour avoir tenté de dénoncer des abus.
Les débats suscités par son cas dépassent aujourd’hui la seule question juridique. Ils interrogent la culture du secret au sein des institutions militaires israéliennes, la transparence du pouvoir et la responsabilité morale des officiers face aux dérives de terrain. Dans un pays régulièrement secoué par des polémiques autour du traitement des prisonniers palestiniens, le geste désespéré de Yifat Tomer-Yerushalmi symbolise l’ampleur de la crise interne que traverse la hiérarchie militaire.
Son état de santé reste sous observation, tandis que la justice israélienne doit déterminer la suite à donner à la procédure judiciaire qui la vise. Les prochains jours seront déterminants, autant pour la magistrate que pour l’image de l’armée israélienne, confrontée à l’un des plus graves scandales de son histoire récente.
Sources :
Ha’Aretz – “Former military prosecutor hospitalized after suicide attempt” – haaretz.com – 9 novembre 2025
The Times of Israel – “Ex-IDF advocate general Yifat Tomer-Yerushalmi in hospital after overdose” – timesofisrael.com – 9 novembre 2025
Courrier international – “Israël. L’ex-procureure militaire hospitalisée après une tentative de suicide” – courrierinternational.com – 9 novembre 2025