Après la présidentielle du 29 octobre, qui a vu la réélection écrasante de la contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique, Samia Suluhu Hassan avec 98 % des voix, des émeutes ont éclaté à travers la Tanzanie. Les violences, réprimées dans le sang, ont aussi visé les stars du pays perçues comme complices du régime.
La Tanzanie s’enfonce dans la tourmente postélectorale. Après un scrutin contesté marqué par des accusations massives de fraude, les manifestations contre la réélection de la présidente Samia Suluhu Hassan ont fait plusieurs centaines de morts, selon la BBC et le Daily Nation. Le parti d’opposition Chadema évoque, lui, au moins 700 victimes de la répression menée par les forces de sécurité depuis le 29 octobre.
Mais un autre front de colère s’est ouvert : celui qui vise les stars de la culture tanzanienne, accusées de s’être compromises avec le pouvoir. Le quotidien kényan Daily Nation rapporte que plusieurs célébrités, ayant publiquement soutenu la présidente pendant la campagne, ont vu leurs biens attaqués ou incendiés. Un magasin d’électronique appartenant au rappeur Billnass a été pillé et réduit en cendres, un restaurant d’un autre chanteur détruit, et le magasin d’un influenceur dévalisé.
Parmi les figures les plus visées, Diamond Platnumz, icône du bongo flava et figure mondiale de la musique tanzanienne. L’artiste, connu pour ses liens étroits avec le pouvoir, s’était produit à plusieurs reprises lors des rassemblements de la présidente. Ses publications pro-gouvernementales, suivies par des millions de fans, ont rapidement disparu de ses réseaux sociaux après les premières émeutes. « Diamond Platnumz a nettoyé ses pages suite à la vague de désabonnements », note le Daily Nation.
L’ampleur du scrutin interroge : Samia Suluhu Hassan aurait remporté 98 % des suffrages avec un taux de participation de 87 %, soit près de 40 points de plus qu’en 2020, alors que de nombreux bureaux de vote étaient pourtant vides. Le quotidien kényan The Standard cite les observateurs de la SADC, qui ont signalé des urnes « remplies de bulletins bien empilés », laissant penser à un bourrage systématique.
Pour les observateurs régionaux, la contestation dépasse le cadre électoral. « Ces manifestations sont l’aboutissement d’années de frustration et de colère accumulées », estime Kwamchetsi Makokha, membre de la Commission kényane des droits de l’homme, interrogé par The Standard. Longtemps réputés dociles, les citoyens tanzaniens « brisent désormais le mythe de la passivité politique », poursuit-il.
Pendant que la rue s’embrasait, les artistes pro-régime tentaient de sauver leurs fortunes. Daily Nation rapporte que Diamond Platnumz et son rival Ali Kiba, eux aussi perçus comme proches du pouvoir, ont recruté des équipes privées de sécurité et des policiers pour protéger leurs studios, villas et commerces, dont la valeur se chiffre en millions de shillings.
Le 3 novembre, Samia Suluhu Hassan a officiellement été investie présidente, tandis que le couvre-feu imposé depuis le scrutin a été levé. Le lendemain, Diamond Platnumz est réapparu sur Instagram, publiant un message appelant à « plus de paix et d’unité ». Un ton conciliant, bien éloigné de la colère qui secoue encore le pays.
Sources :
Courrier International – « Après la présidentielle en Tanzanie, la colère contre les stars proches du pouvoir » – Publié le 5 novembre 2025
Daily Nation (Kenya), The Standard (Kenya), BBC – articles cités par Courrier International