Face à la suppression de l’exemption douanière « de minimis » par les États-Unis, plus de 30 pays ont suspendu ou restreint leurs expéditions postales vers le territoire américain. Une décision inédite qui déstabilise les flux logistiques internationaux et soulève de nombreuses incertitudes pour les professionnels du e-commerce.
Article : La réforme tarifaire entraînée par la fin de l’exemption douanière dite « de minimis » provoque une onde de choc dans le secteur postal mondial. À partir du vendredi 29 août 2025, les États-Unis cessent d’appliquer cette tolérance douanière, qui permettait depuis des années l’entrée sans taxe des colis dont la valeur était inférieure à 800 dollars. Cette décision, prise par l’administration Trump en juillet, entraîne la suspension ou restriction d’envois postaux depuis plus d’une trentaine de pays.
Selon l’Union postale universelle (UPU), organe onusien en charge de la coordination entre les services postaux, au moins 25 de ses membres ont officiellement suspendu l’expédition de biens vers les États-Unis. L’organisation souligne que ces suspensions ont été communiquées via son système d’information d’urgence, sans toutefois publier la liste complète. Mais les annonces publiques des opérateurs nationaux permettent d’identifier un large front de pays européens et asiatiques.
En Europe, des pays comme la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, la Suède, la Pologne ou encore la République tchèque ont mis en pause ou adapté leurs services vers les États-Unis. L’Australie, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan et l’Inde figurent parmi les nations asiatiques concernées. En tout, au moins 32 pays sont officiellement recensés comme ayant suspendu ou limité les expéditions postales à destination des États-Unis.
Le groupe DHL en Allemagne a confirmé le 23 août l’arrêt du transport de colis de ses clients professionnels vers les États-Unis via le réseau postal. De même, les deux principaux opérateurs postaux de Bosnie-Herzégovine ont cessé d’accepter les envois à destination américaine, hors services express. Seules certaines exceptions subsistent, à l’image du partenariat de la poste sud-coréenne avec UPS ou encore de la reprise partielle des expéditions par la Nouvelle-Zélande grâce à une solution d’envoi commercial alternative.
Pour rappel, la dérogation « de minimis », issue du Tariff Act de 1930 (section 321), permettait d’exempter de droits de douane les colis de faible valeur lorsqu’il était plus coûteux de percevoir la taxe que le montant à recouvrer. Elle a longtemps profité aux grandes plateformes de vente en ligne comme Temu et Shein, qui expédient chaque jour des millions de colis vers les consommateurs américains. Plus de 4 millions de colis entraient quotidiennement sur le sol américain sous ce régime, dont plus de 30 % émanant de ces deux entreprises selon Reuters.
La suppression progressive de ce dispositif avait déjà commencé en mai 2025 pour les importations depuis la Chine et Hong Kong. L’échéance du 29 août marque donc la généralisation de cette politique. Face aux incertitudes logistiques, aux nouvelles exigences douanières encore floues et au risque de blocages aux frontières, de nombreux opérateurs ont préféré suspendre temporairement leurs services. Une situation appelée à évoluer dans les semaines à venir, au fur et à mesure de l’adaptation des réseaux postaux internationaux aux nouvelles règles américaines.
Sources : Reuters – Global postal services suspend some U.S. shipments – lien SEKO Logistics – Client advisory sur la suspension des expéditions – lien Al Jazeera – Duty-free no more: Parcels no longer qualify for US exemption – lien