Le Salon de l’Agriculture 2025, qui se tient au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, est marqué par une atmosphère plus sereine que les années précédentes, selon le Premier ministre François Bayrou, qui était présent dans les allées ce lundi. Malgré des avancées saluées par le gouvernement, certains acteurs du monde agricole et de l’opposition estiment que des défis majeurs restent à relever, notamment en matière de transmission des exploitations et de souveraineté alimentaire.
L’année précédente, en 2024, la visite du président Français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture avait été marquée par des tensions et des manifestations d’agriculteurs en colère, protestant contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur.
Samedi, le chef de l’Etat a appelé à la « sérénité » et à un « dialogue constructif » avec les agriculteurs, peu avant l’ouverture de la 61ᵉ édition du Salon de l’Agriculture à Paris. Il a insisté sur le fait que ces derniers ne devaient pas servir de « variable d’ajustement » aux politiques de pouvoir d’achat et aux accords commerciaux.
Lors de sa visite au Salon ce lundi, François Bayrou a souligné un « apaisement très important » au sein du monde agricole. Selon lui, cet équilibre serait dû au respect des engagements pris par l’exécutif :
« Nous avons fait adopter les lois que les agriculteurs attendaient. Des promesses ont été faites il y a un an, elles ont été respectées et tenues par le gouvernement aujourd’hui. »
Toutefois, le Premier ministre tempère cet optimisme en reconnaissant que « tous les problèmes ne sont pas résolus ». Il cite notamment les enjeux du revenu agricole, de la gestion de l’eau, ainsi que les propositions de lois en cours d’examen.
Jordan Bardella met l’accent sur la transmission des exploitations
Présent pour une seconde visite au Salon, le président du Rassemblement National, Jordan Bardella, a insisté sur un sujet majeur : la transmission des exploitations agricoles. Il propose une levée des droits de transmission à condition que l’exploitant repreneur s’engage à conserver l’exploitation pendant au moins dix ans.
Selon lui, cette mesure est essentielle face au vieillissement de la profession :
« Un agriculteur sur deux va arriver à la retraite dans les 10 ans. Si on n’accompagne pas aujourd’hui la transmission sur le plan de l’incitation fiscale, cela représentera un mur pour de nombreux agriculteurs partant à la retraite. »
Un débat sur la souveraineté alimentaire
Dès son arrivée au Salon, Jordan Bardella a accusé Macron de « remettre en cause la souveraineté alimentaire de la France ». Il reproche au chef de l’État de : multiplier les accords de libre-échange, soumettre l’agriculture française aux exigences des écologistes à Bruxelles et du Pacte vert, mais aussi d’accroître les normes et charges pesant sur les exploitations françaises.
Selon lui, cette politique économique mettrait en péril la production nationale et accentuerait la dépendance alimentaire de la France.
Annie Genevard appelle à une production agricole renforcée
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a quant à elle plaidé pour une augmentation de la production nationale afin d’assurer la souveraineté alimentaire du pays. Lors de son discours d’inauguration du stand du ministère, elle a déclaré que « La France doit produire plus pour manger mieux. »
Elle a également mis en avant plusieurs mesures déjà mises en place : un demi-milliard d’euros d’allègements de charges pour les agriculteurs et des aides d’urgence et des prêts garantis par l’État à hauteur de 70%.
Un Salon marqué par des avancées mais aussi des tensions
Si le gouvernement met en avant les réformes adoptées et le climat plus serein du Salon de l’Agriculture 2025, les critiques sur la souveraineté alimentaire, la transmission des exploitations et la rentabilité du secteur restent vives. Les débats engagés ces derniers jours témoignent d’un enjeu central : l’avenir d’un modèle agricole français entre régulation européenne, soutien public et viabilité économique.