Au lendemain de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU soutenant le plan d’autonomie marocain, les internautes marocains ont constaté la disparition de la ligne en pointillés séparant le Sahara occidental du Maroc sur Google Maps. Une modification visible uniquement depuis le royaume, et déjà perçue comme un symbole politique fort.
Le geste est discret, mais il n’a échappé à personne. Ce samedi 1er novembre, de nombreux internautes marocains ont remarqué que la carte de Google Maps ne présentait plus la ligne en pointillés marquant la séparation entre le Maroc et le Sahara occidental. Sur les réseaux sociaux, les réactions se sont multipliées, mêlant fierté nationale et soulagement : « Dieu merci ! », « La ligne imaginaire n’est plus », ont commenté plusieurs utilisateurs, saluant ce qu’ils perçoivent comme une reconnaissance numérique de la marocanité du Sahara.
Selon les premières vérifications effectuées par l’AFP, cette modification ne concernerait pour l’instant que la version de Google Maps consultée depuis le Maroc. Dans d’autres pays — notamment la France, les États-Unis, Chypre ou l’Algérie — la frontière en pointillés demeure toujours visible. Google n’a, pour l’heure, émis aucun commentaire sur ce changement cartographique, qui ne peut être opéré que par l’entreprise elle-même.
Une évolution symbolique, au lendemain d’un vote historique de l’ONU
Cette mise à jour intervient dans un contexte diplomatique tendu mais favorable à Rabat. La veille, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l’initiative de Washington, une résolution qualifiant le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental de « solution la plus réaliste et réalisable » pour ce territoire disputé. Le texte, voté par onze voix contre aucune et trois abstentions, marque un tournant diplomatique majeur. L’Algérie, soutien historique du Front Polisario, a refusé de participer au vote.
Pour le Maroc, qui contrôle environ 80 % du territoire saharien depuis la fin de la colonisation espagnole en 1975, cette décision consacre des années de stratégie diplomatique. Le plan d’autonomie présenté en 2007 prévoit que le Sahara occidental dispose de ses propres institutions régionales tout en restant sous souveraineté marocaine.
Un territoire au cœur d’un demi-siècle de tensions
Le Sahara occidental reste l’un des derniers territoires non autonomes recensés par l’ONU. Depuis près de cinquante ans, Rabat s’oppose au Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui basé en Algérie, qui réclame un référendum d’autodétermination. Le cessez-le-feu instauré en 1991 sous l’égide des Nations unies n’a jamais débouché sur une solution définitive.
Les enjeux économiques sont considérables : la région, vaste et faiblement peuplée, abrite d’importantes réserves de phosphate et des eaux parmi les plus poissonneuses de la planète. Pour le Maroc, l’intégration complète du Sahara dans son territoire constitue une question d’unité nationale.
Une reconnaissance symbolique mais politique
La disparition de la frontière sur Google Maps, même partielle, a immédiatement pris une dimension politique. Beaucoup y voient une forme de légitimation numérique du nouveau rapport de force diplomatique issu du vote de l’ONU. D’autres rappellent que Google, entreprise américaine, agit avec prudence dans les questions de souveraineté territoriale, adaptant parfois ses cartes selon les pays.
Aucune communication officielle n’a encore été publiée par le géant du numérique. Mais sur les réseaux marocains, la perception est déjà unanime : pour beaucoup, cette mise à jour marque « la fin d’une fiction cartographique » et la reconnaissance implicite de ce que Rabat considère depuis toujours comme une évidence.
Sources :
Libération / AFP – « Action, réaction : sur Google Maps au Maroc, la ligne séparant le Sahara occidental du pays a déjà disparu » – 1er novembre 2025 – liberation.fr
ONU – Conseil de sécurité – Résolution sur le Sahara occidental – 31 octobre 2025