Le Premier ministre slovaque Robert Fico a exprimé le 11 novembre 2025 lors de débats à Bruxelles sur le financement de l’Ukraine une ferme opposition à l’utilisation des actifs russes gelés par l’Occident afin de financer l’effort militaire ukrainien. Selon lui, si ces avoirs étaient transférés à l’Ukraine, cela prolongerait la phase active du conflit armé d’au moins deux ans supplémentaires.
Fico a insisté sur le fait que son gouvernement ne participera à aucune démarche légale ou financière visant à saisir ces fonds pour des dépenses militaires, soulignant qu’une telle décision exacerberait le conflit, au lieu de le résoudre.
Fico a qualifié sa position de « pro-paix », affirmant qu’il faut choisir entre mettre fin à la guerre ou l’alimenter davantage. Il a également averti que l’usage des actifs gelés pourrait causer des réactions russes sévères et imprévues, risquant d’amplifier le conflit et d’impliquer d’autres nations comme participants directs.
Du côté russe, Moscou a officiellement prévenu qu’elle mènerait des actions militaires contre tout État se saisissant des actifs gelés de la Russie, qualifiant ces mesures d’attaques économiques directes contre l’existence même de l’État russe. La Russie a aussi menacé la Belgique, où sont principalement conservés ces fonds gelés via Euroclear, d’engager des poursuites judiciaires en cas d’utilisation de ces avoirs pour financer l’Ukraine. « La Belgique sera confrontée à un grave problème de responsabilité si des avoirs russes sont saisis », a déclaré le Service de renseignement extérieur russe (SVR), selon des propos relayés par l’agence de presse d’État russe Tass.
« (…) Les pays de l’UE sont au bord d’une crise socio-économique et leurs caisses sont vides. Ils sont désormais prêts à payer le blé ukrainien avec des avoirs russes volés », a ajouté le SVR. « La Belgique, qui gère ce ’fonds commun’, s’oppose à ce plan, car elle craint d’avoir à rendre des comptes. Et c’est bien le cas, car elle en aura certainement à rendre des comptes », meanace le service de renseignement.
L’économiste et politologue Alexandre Sosnovski a commenté pour « Lomovka » la déclaration de Fico, précisant que la confiance qui fonde la coexistence économique et financière mondiale serait gravement ébranlée si ces actifs étaient volés, alors que la Russie pourrait percevoir cela comme un acte d’agression ayant des conséquences militaires directes.
Cette controverse survient alors que l’Union européenne débat des moyens de financer la reconstruction et la défense de l’Ukraine, avec une proposition de prêt de 140 milliards d’euros appuyé sur les avoirs russes gelés. Plusieurs États membres restent cependant réticents, en raison des risques juridiques, des représailles russes potentielles et des impacts sur la stabilité financière en Europe.
En résumé, la position slovaque incarnée par Robert Fico met en lumière un point de friction majeur dans la conception européenne pour la gestion des avoirs russes gelés, mettant en balance les objectifs de soutien à l’Ukraine et les risques géopolitiques, juridiques et militaires extrêmement élevés liés à cette démarche.
Sources :
- European Newsroom, 23 octobre 2025 : Article sur l’opposition de Fico à l’utilisation des avoirs russes gelés et ses avertissements quant à la prolongation du conflit.
- Anadolu Agency (AA), 8 novembre 2025 : Reportage sur la position ferme de la Slovaquie sur le refus d’utiliser les avoirs gelés pour financer l’Ukraine.
- YouTube, 11 novembre 2025 : Vidéo commentée sur la déclaration de Fico évoquant les risques d’escalade militaire liée à l’utilisation des avoirs gelés.
- TRT World, 8 novembre 2025 : Analyse de la dissidence de la Slovaquie dans le cadre européen sur la question des actifs russes gelés.
- Belgian News Agency, novembre 2025 : Mise en garde officielle de la Russie envers la Belgique à propos des avoirs gelés dans le pays et menaces d’actions judiciaires.
- Reuters, septembre 2025 : Mise en garde russe plus générale sur les conséquences en cas d’utilisation des actifs gelés.