Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à débattre d’une possible suspension de la réforme des retraites, le président du Sénat, Gérard Larcher, a prévenu ce samedi 25 octobre que la chambre haute, dominée par la droite et le centre, réintroduira le texte dans le budget 2026 de la Sécurité sociale. Un avertissement ferme adressé au gouvernement Lecornu et à ses partenaires socialistes.

Le bras de fer entre les deux chambres du Parlement s’annonce tendu autour de la réforme des retraites. Dans une interview accordée au Parisien samedi, Gérard Larcher, président (LR) du Sénat, a prévenu que si l’Assemblée nationale votait la suspension de la réforme adoptée sous Élisabeth Borne en 2023, la chambre haute la rétablirait sans hésitation lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.

« Le Sénat rétablira la réforme des retraites. Nous la votons depuis cinq ans. Je rappelle que son abandon, c’est 30 milliards de déficit en 2035 », a affirmé le troisième personnage de l’État, qui juge le budget présenté par le gouvernement « pas acceptable ». Pour Larcher, cette réforme reste une pièce maîtresse de l’équilibre des comptes sociaux, et sa remise en cause ouvrirait une brèche dangereuse dans la trajectoire financière du pays.

Cette déclaration intervient dans un contexte politique délicat pour l’exécutif. Le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a repris la main sur le dossier budgétaire après un été difficile, a accordé un geste d’ouverture aux socialistes en leur permettant de soumettre à vote la suspension de la réforme controversée. Une concession obtenue, selon plusieurs sources parlementaires, en échange d’un engagement des députés PS à ne pas voter de motion de censure.

Mais l’équilibre demeure précaire. Une majorité semble se dessiner à l’Assemblée en faveur de la suspension — alliance ponctuelle des socialistes, des écologistes, de La France insoumise et d’une partie des députés du groupe LIOT. Face à cela, la droite sénatoriale, qui soutient depuis le départ la réforme, prépare sa riposte. « Il n’est pas question d’accepter n’importe quoi », martèle Gérard Larcher, accusant le Premier ministre de céder aux exigences de la gauche. « Il a abandonné le 49.3 comme un cadeau de Noël, mais les socialistes en demanderont toujours plus. »

Depuis plusieurs mois, la majorité sénatoriale travaille à un contre-budget prévoyant, selon Larcher, « 32,5 milliards d’euros d’économies », notamment par la réduction des dépenses publiques. Ce plan vise à présenter une alternative crédible à un gouvernement jugé trop attentiste face à la dégradation des finances publiques.

Alors que les débats sur le budget de l’État battent leur plein à l’Assemblée nationale, le gouvernement Lecornu se retrouve pris entre deux feux : une opposition de gauche déterminée à détricoter la réforme la plus impopulaire du quinquennat précédent, et un Sénat inflexible, décidé à préserver le texte au nom de la rigueur budgétaire. Dans ce contexte, la bataille des retraites version 2025 pourrait bien rejouer, une fois encore, le grand théâtre des divisions françaises sur la question sociale la plus sensible du pays.

Sources :

Le Parisien – Gérard Larcher : “Le Sénat rétablira la réforme des retraites si l’Assemblée la suspend” – lien